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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/158

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& lui est, dans tout ce trajet, également adhérente : elle paroît être une continuation de ce nerf ; aussi l’envisage-t-on comme l’organe immédiat de la vue.

Dans l’examen des humeurs du globe, il faut considérer, 1°. l’humeur vitrée, ainsi nommée, à cause de sa ressemblance au verre en fusion. Elle occupe & remplit la plus grande partie de la capacité du globe, puisqu’elle s’étend depuis la rétine jusqu’au commencement de la chambre postérieure. Cette liqueur gélatineuse est très-transparente, très-flexible, plus dense que l’humeur aqueuse, moins dense que le cristallin, partout convexe, & a, dans la partie antérieure, une cavité ou une fossette qu’on appelle le chaton, dans laquelle est logée l’humeur cristalline.

2°. Le cristallin ou l’espèce de lentille solide, situé dans le chaton de l’humeur vitrée dont nous venons de parler, vis-à-vis la prunelle, à quelque distance de l’iris, est semblable au cristal par sa transparence. Il est composé d’un nombre infini de couches membraneuses parallèles, qui sont formées d’une multitude de vaisseaux que parcourt une liqueur diaphanes des plus déliées. Il est renfermé dans une capsule particulière, très-transparente, membraneuse, formée par la duplicature de la tunique vitrée : la lame externe revêt la face antérieure, tandis que la lame interne qui garnit le chaton dans lequel il est fixé, recouvre la face postérieure : la première de ces lames a paru au célèbre M. Winslow, composée dans l’œil du cheval, de deux pellicules unies par un tissu spongieux, très-fin & très-serré : cette humeur est albumineuse de sa nature, elle se durcit au feu, tandis que l’humeur vitrée qui est de nature gélatineuse, s’y réduit en une eau un peu salée, à l’exception d’une petite partie élastique qui paraît être le tissu folliculeux qui la contient.

3°. L’humeur aqueuse, ou la sérosité très-limpide & très-fluide, qui n’a point de capsule particulière, & qui occupe les deux chambres de l’œil, procure non-seulement des réfractions, mais empêche qu’il ne s’éteigne, que la cornée lucide ne se ride, qu’elle de s’affaisse, & que de sphérique qu’elle est, elle ne devienne plane, ainsi que nous l’observons, dans les chevaux morts ou mourans, lorsque cessant d’être poussée par l’action du cœur dans l’extrémité, ou dans les porosités des artérioles qui la déchargent, elle ne chasse & ne soutient plus en dessous cette tunique, & ne la détermine plus en avant. Hoovius a pensé qu’elle est produite par une espèce de transsudation aux travers des humeurs vitrée & cristalline, & que cette portion la plus limpide & la plus fine du suc nourricier de ces corps transparens, s’échappe au travers des pores de la cornée, pour faire place à l’humeur qui se produit de nouveau. Quoiqu’il en soit, elle maintient l’uvée suspendue, de manière que cette tunique ne peut tomber ni sur la cornée, ni sur le cristallin ; elle lubréfie, elle humecte, elle entretient la transparence des parties délicates qu’elle baigne & qu’elle arrose : il est certain qu’elle est repompée dans la masse, & reprise par de petites veines absorbantes ; elle suinte aussi par les porosités de la cornée lucide. S’il en étoit autrement, elle s’accumuleroit de façon à cau-