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pourpre ; les feuilles sont très-étroites, pointues, de la couleur de celles de la première espèce. On multiplie l’œillet de plume par filleule & par semis, on en forme de jolies bordures. Si a soin de couper les fleurs à mesure qu’elles commencent à passer, il en repousse de nouvelles pendant long-temps.

La grandeur de la fleur est à peu près celle d’une pièce vingt-quatre sols, mais les semis en ont donné de jolies variétés à fleurs plus grandes, plus amples & plus chargées en couleur. Il est rare que le calice de ces dernières ne se fende avant l’épanouissement.


CHAPITRE III.

Du terrain propre aux semis, du choix des semences, & de la conduite des semis.


La terre que l’on trouve dans les troncs pourris des vieux saules, noyers, &c., est excellente à cause de sa légèreté & de son amas de terre végétale ou humus, (Voyez les mots Amendement & le dernier chapitre du mot Culture). Si on lève la première couche ou gazonnée d’une ancienne prairie, on aura une terre à peu près semblable, composée de débris de végétaux. Toutes espèces de feuilles réduites en terreau par la pourriture, sont excellentes. Il convient cependant d’excepter celles des noyers, des chênes & des myrtes par rapport au principe astringent qu’elles renferment. Le terreau des vieilles couches, le fumier de vache bien consommé, fournissent une bonne terre. On peut, si on est à même de se procurer ces terreaux différens, les mêler ensemble, arroser largement le monceau, & le laisser pendant une année fermenter dans un lieu couvert, mais aéré : on peut encore le cribler une ou deux fois dans l’année, afin que le mélange soit plus exact. Dans les cantons où la tourbe est commune, il est facile d’enrichir le monceau par l’addition & le mélange de cette terre végétale. Le point essentiel est d’avoir la meilleure terre végétale possible, & la plus légère.

Cette dernière assertion souffre des modifications relativement aux climats. Dans ceux du centre & du midi du royaume, cette terre devient trop perméable, l’évaporation est trop forte ; & si on n’a pas l’attention d’arroser une ou plusieurs fois dans la journée, tout est fané, grillé & perdu, parce que l’évaporation est en raison de la chaleur. Il est donc important de mêler à ces terreaux une certaine quantité de terre franche bien tamisée & proportionnée aux besoins. On a conseillé la terre prise des taupinières ; il est constant qu’elle est bien divisée ; mais si la taupe a travaillé dans un sol glaiseux, argileux, cette terre ne s’unira jamais bien avec les terreaux.

Pour semer, on choisit des pots, des caisses ou des terrines que l’on remplit de la terre indiquée suivant le climat, & après avoir passé sur les bords un morceau de planche, afin que la terre soit parallèle aux bords, des pots, on sème très-clair ; & avec un tamis à tissu terré, on fait tomber par-dessus, à la hauteur de trois à quatre lignes, la fine fleur de la terre. Peu de jours après, la totalité s’est tassée, & la circonférence des pots déborde sa hauteur.