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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/174

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deux nœuds, & d’inciser jusqu’au nœud supérieur : cette méthode est peu sûre. Il vaut mieux couper sur le nœud même, parce qu’il fait bourrelet, (voy. ce mot) & il faut que le bourrelet soit formé d’une manière ou d’une autre, pour qu’il pousse des racines.

La seconde méthode de multiplier les œillets, est par bouture. On choisit les jets les plus bas du pied, les plus minces, ou les jets qui partent des tiges, en les arrêtant par le bout ; ensuite on les plante à sombre, dans une terre préparée & arrosée avec soin. La marcotte est préférable, plus prompte, plus sûre, & moins casuelle.

On peut greffer, en écusson, un œillet sur un autre. L’opération est très-délicate, elle ne m’a réussi que deux fois, & la tige élancée de la greffe a toujours été souffrante, elle a donné une fleur incomplette, & les pieds sont morts dans l’année.

Lorsque l’on lève les marcottes, mises en dépôt dans de petits pots, on doit conserver toutes les racines & même les petits chevelus, appelés barbe par les fleuristes, qui tapissent toute la circonférence du pot : on étend ces chevelus dans le nouveau pot qu’on leur destine ; & dans aucun cas il ne faut recouvrir ni rafraîchir le bout des racines, à moins qu’il ne soit endommagé.


CHAPITRE VII.

Des maladies de l’œillet.


La plupart de ces maladies est causée, ou par les insectes, ou par l’humidité, ou par la privation du courant d’air libre.

Au printemps, lorsque l’œillet commence à pousser son dard, on découvre entre les deux feuilles de la tige une espèce d’écume blanche. C’est le nid où l’insecte appelé par les fleuristes sauterelle, puce, a déposé ses œufs ; je ne puis bien caractériser cet insecte, ni le faire connoître par son véritable nom, il m’est impossible de le trouver au moment que j’écris ; cette substance spongieuse fait dessécher les feuilles, & nuit à la tige. Il est donc important de l’enlever dès que l’on l’aperçoit.

Le perce-oreille, insecte hémiptère, forficula, Lin. est malheureusement trop connu des fleuristes, pour que je le décrive. Il attaque l’œillet dans sa fanne, dans ses montans, dans les boutons & dans ses fleurs ; il ronge les feuilles à leur naissance, coupe les pétales par la base de leurs onglets, & laisse le calice vide. S’il s’est emparé d’un amphithéâtre, on a la douleur de perdre, en un ou deux jours, la récompense des travaux continuels d’une année.

On prévient leurs ravages, en plaçant sous les pieds droits de l’amphithéâtre, des terrines pleines d’eau & qu’on renouvelle au besoin ; ou bien, on fait souder tout autour de ces pieds, un bassin en plomb ou en fer blanc, large de cinq à six pouces.

Avant de mettre les pots sur les gradins, il doivent être visités dans toutes leurs parties, afin de s’assurer s’il ne reste aucun insecte caché. Si l’amphithéâtre touche un mur, un arbre, &c., par une de ses parties, ces précautions sont inutiles ; j’ai même vu ces insectes suivre la tente & se laisser tomber, du haut, sur les pots. La tente ou le toit de-