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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/176

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trop l’eau. Dépotez l’œillet, supprimez la terre boueuse, substituez-lui une terre plus légère, & traitez-le comme le premier.

Les brouillards & les pluies du printemps & de l’automne, sont le principe de la galle. Elles font naître sur les feuilles des taches, ou noires, ou rougeâtres, ou grises, & souvent des tubérosités. Retranchez toutes les feuilles affectées, la maladie est purement locale.

La rouille ; l’époque des grandes chaleurs est celle de cette maladie ; elle est plus commune dans les jardins environnés de murs, que partout ailleurs, parce que la plante n’y respire qu’un air étouffé, brûlant & qui n’est pas renouvelé ; elle attaque particulièrement les marcottes ; ses ravages sont prompts & terribles ; dès qu’on s’en apperçoit, il faut se hâter de développer toutes les feuilles contournées, & dès qu’elles seront bien ouvertes, de répandre dessus ou du tabac tamisé très-fin, ou des cendres de bois ; cette opération exige d’être répétée plusieurs fois : si on demande comment, le tabac ou les cendres agissent, je n’en sais rien ; mais l’expérience journalière justifie l’efficacité du remède.

La pourriture survient à l’œillet, par différentes causes ; une terre trop humectée & qui se soutient dans cet état ; un arrosage avec de l’eau croupie ou de mare, une continuité d’ombrage, du fumier trop récent & qui n’a pas encore perdu sa chaleur &c. Le remède est le même que pour le blanc.

Il n’est pas surprenant que l’œillet soit sujet à toutes ces maladies. Il est trop éloigné de l’état qu’il avoit sur les hautes montagnes, où il a pris naissance ; il ne respire plus, dans nos jardins, cet air pur & subtil ; il n’éprouve plus ces variations subites de l’atmosphère, enfin il est expatrié.


CHAPITRE VIII.

Manière d’avoir des œillets pendant presque toute l’année.


Afin d’avoir des œillets, on choisit, non pas les espèces les plus délicates, mais celles dont l’expérience a fait connoître la forte végétation ; on les marcotte à la fin de mai, ou au commencement de juin, & elles prennent facilement racine ; dans les provinces vraiment méridionales, on peut commencer l’opération en mai, si des circonstances accidentelles des saisons n’y mettent aucun obstacle. Dès qu’on s’aperçoit que la marcotte est enracinée, on la lève aussitôt, & l’année suivante elle donne, de bonne heure, ses fleurs. Les pieds que l’on marcottera en septembre ou en octobre, dans les provinces du midi, fleuriront plus tard que les autres dans l’été. Pour avoir des fleurs en hiver, on choisit le gros œillet qui fleurit plus difficilement que les grenadins. Mettez-le en planches au commencement du printemps, il ne tardera pas à lancer ses dards, vous les couperez bien près de la première dardisse qu’ils auront jetée. À la fin de juillet ou en août, ils commenceront à jeter de nouveaux dards, & les fleurs paroîtront en septembre ou en octobre : à la fin de ce mois on lève toutes les plantes qui ont leurs dards, au nombre de six à sept pieds bien enracinés, que l’on place avec soin dans des corbeilles ou dans des manne-