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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/185

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ŒUF.[1] C’étoit un dogme de l’ancienne mythologie, que le monde étoit provenu d’un œuf. Si les anciens philosophes ont voulu exprimer sous cet emblème, que tout dans la nature paroît sortir d’un œuf, cette idée n’a plus rien d’absurde : elle est un fait dans le règne animal & végétal. Et s’il y a plus d’incertitude à cet égard, par rapport au règne minéral, c’est que nous ne savons presque rien de la manière dont la nature procède, dans les entrailles de la terre, à la production des minéraux, pierres, fossiles, &c.

Tout, dans le règne animal, provient réellement d’un œuf. On distingue communément les animaux en vivipares, & en ovipares ; mais la seule différence qu’il y ait entre ces deux classes, c’est que les animaux de la première couvent, pour ainsi dire, en eux-mêmes, l’œuf que le mâle a fécondé par sa semence, & d’où il doit sortir un fœtus en son temps ; au lieu que ceux de la seconde, dont les œufs ont besoin d’un certain degré de chaleur pour se développer, les couvent au-dehors, & par le moyen de la chaleur qu’ils leur communiquent dans les nids. Quelques animaux mêmes, tels que les pucerons, sont tout à la fois vivipares & ovipares.

Quant au règne végétal, tout arbre, toute plante proviennent d’une graine : or, il y a la plus grande analogie entre les graines & les œufs des animaux. Grâces aux progrès qu’a faits de notre temps la botanique, on ne doute plus que les graines n’aient besoin d’être fécondées aussi-bien que les œufs, pour être susceptibles de produire. (Voyez Froment, Graines)

Les graines, après leur fécondation, doivent être déposées dans le sein de la terre, ou dans un milieu convenable, comme dans une matrice où la chaleur & l’humidité requises développent les rudimens du germe.

L’analyse des parties constituantes des graines, leur développement successif, n’ont pas encore été décrits avec assez d’exactitude, pour qu’on puisse en donner une histoire bien satisfaisante. On est plus avancé à l’égard des œufs. Plusieurs auteurs connus, entr’autres, Malpighi, Maître Jan & Haller ont donné d’excellentes observations, tant sur les différentes parties de l’œuf de la poule, que sur ses développemens successifs pendant la durée de l’incubation. C’est surtout dans les écrits du célèbre Haller, que nous allons puiser l’histoire de l’œuf de la poule & de ses développemens. Cette histoire peut également servir à celle des œufs de toutes les autres espèces. Ab uno disce omnia.

Description de l’œuf de la poule.

La coque de l’œuf de la poule est formée d’une terre calcaire : elle est toute criblée de trous qui donnent entrée à l’air. Ces trous répondent à des vaisseaux de la première mem-

  1. Cet article nous a été communiqué par M. l’abbé Copineau, Auteur des mots Incubation & Mamal.