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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/209

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ensuite rougeâtre, brun-violet & noirâtre, suivant les différens degrés de maturité ; le bois du noyau est très-dur, & il renferme une amande douce.

Feuilles simples, entières, en forme de fer de lance, épaisses, dures, d’un vert pâle obscur en dessus, blanchâtres en dessous, garnies d’une nervure saillante en dessous, & sur toute leur longueur.

Racines pivotantes quand le sol leur convient, ordinairement horizontales, très-alongées, chargées par-ci par-là de chevelus. Son écorce est d’un jaune brun, parsemée de taches rondes proéminentes & d’une couleur moins foncée. La naissance des racines ou collet est pour l’ordinaire hors de terre lorsque l’arbre a acquis une certaine grosseur. Est-ce le collet qui s’élève naturellement, ou bien est-ce le niveau de la terre qui s’est affaissé ou qui a été entraîné par une cause ou par une autre ? Je crois cette dernière proposition plus probable que la première. Les collets de terre sont très-communs sur les coteaux, & je n’en ai presque jamais vu dans les plaines qui ne sont pas sujettes aux inondations, & où la superficie du sol ne peut pas être entraînée par les pluies.

Port ; arbre de moyenne grandeur, à tige droite pour l’ordinaire, à écorce lisse quand il est jeune, raboteuse, gercée & écailleuse quand il est vieux. Le bouton à fleur s’annonce de bonne heure, souvent en avril, toujours en mai, & il épanouit à la fin de mai ou en juin, suivant les climats. Les espèces jardinières (voyez ce mot) dont il sera question ci après, varient beaucoup pour l’époque de fleuraison ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles, disposées en épis ou grappes, portées sur un pédoncule commun ; elles sont quelquefois, mais rarement, solitaires ; les feuilles sont opposées.

Von Linné décrit encore deux espèces premières d’olivier. L’une est l’olivier du Cap. Olea Capensis, dont les feuilles sont ovales, & l’autre est l’olivier de la Caroline, olea Americana, dont les feuilles sont lancéolées-elliptiques, à fruit violet & à baies pourprées. Comme ces deux espèces ne sont pas intéressantes pour le cultivateur, il est inutile d’entrer à leur sujet dans un plus grand détail. Je les cite pour qu’on ne dise pas que je les ai oubliées.

Section II.

Des espèces jardinières[1].

Il y auroit un moyen sûr de parvenir à une bonne classification de ces espèces jardinières. Il faudroit qu’un particulier fût assez riche pour faire le sacrifice d’un champ, & assez jeune pour être en état de suivre son entreprise. Alors il feroit venir des principaux cantons de la Provence, du Comtat d’Avignon, du bas-Dauphiné, & du Languedoc, les différentes espèces d’oliviers qu’on y cultive. Il les planteroit par ordre dans ce champ, & lorsque les arbres commenceroient à fleurir & à fructifier, il compareroit les espèces & établiroit une synonymie sûre. Il est étonnant que les états de Provence & de Languedoc n’aient pas encore tenté cette opération ! La protection, il est vrai, pourroit la faire échouer par le choix de la personne à laquelle on la confieroit, mais si trois ou quatre particuliers dans des cantons différens de la province, en étoient chargés, alors l’émulation & l’intérêt concourroient à la faire réussir. Sans une synonymie exacte, comment pouvoir se faire entendre d’un bout de la pro-

  1. Consultez le mot Espèce, afin d’éviter ici des répétitions.