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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/211

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ils donneront ensuite des fruits plus gros & en plus grande quantité. Le second avantage qui résulte de leur transplantation, c’est d’avoir une espèce déjà acclimatée, dont l’éducation a été dure. Ils craignent moins les rigueurs des hivers que les oliviers élevés en pépinières, & de nature plus frileuse : considération très-essentielle pour les cantons où les abris commencent à s’abaisser, & où les arbres souffrent dès que le froid est un peu piquant.

II. L’olivière[1] ou Galiningue ou Oulivière. Olea angulosa Gouan. Le célèbre von-Linné a regardé les variétés des plantes & des arbres comme des objets qui devoient peu occuper les botanistes, & il a eu raison jusques à un certain point, mais il n’en est pas ainsi pour le cultivateur. Ces variétés ou ces espèces jardinières sont la base de ses plantations & de ses produits. Il est donc essentiel de les distinguer & de les lui faire connoître. Tournefort, Magnol, Garridel avoient déjà établi une synonymie botanique des espèces d’oliviers cultivés dans les environs d’Aix & de Montpellier. M. Gouan, célèbre botaniste, & professeur de l’université de cette dernière ville, a adopté la méthode de von-Linné, & a assigné des noms triviaux aux espèces jardinières, auxquelles sont jointes les phrases de Tournefort. On peut consulter l’hortus Monspelliensis & le flora Monspeliaca de M. Gouan, d’où je tire cette synonymie, pour les espèces cultivées dans le Languedoc, & citées dans ses ouvrages. Magnol la décrit ainsi : olea media oblonga angulosa. M. Amoreux, auteur d’un très-bon traité de l’olivier, imprimé en 1784 à Montpellier, & dont je ferai un très-grand usage, pense qu’on peut rapporter cette espèce à celle de Tournefort, olea fructu majusculo & oblongo ou à celle du même auteur, désignée par ces mots ; olea fructu oblongo atro-virente ; ce qu’il y a de très-certain, c’est qu’il est très-difficile, pour ne pas dire impossible, d’assigner des caractères fixes à ces espèces jardinières, puisque dans un même territoire on trouve de grandes différences, soit entre les fruits, soit entre les feuilles de l’olivière ou galiningue ; & cependant elle conserve la même dénomination.

Cet arbre est fort commun dans le territoire de Beziers, moins dans celui de Montpellier où il ne jouit pas de la même considération ; la différence du sol en seroit-elle la cause ? En général, l’huile de son olive n’est pas très-délicate, & elle fait beaucoup de dépôt, & ce dépôt augmente ou diminue en raison du grain de terre ; c’est-à-dire, qu’il est plus considérable lorsque l’arbre est planté dans un terrain gras, ou substantiel ou vigoureusement fumé, & qu’il est moins fort, l’huile plus délicate dans un sol sablonneux, graveleux & caillouteux. L’olivière est une des espèces qui résiste le mieux au froid. Le fruit tient à un long pédoncule, il est gros, sa peau rou-

  1. Il est bon d’observer que les caractères que je vais établir, soit pour les fruits soit pour les feuilles, ne doivent pas être pris à la grande rigueur, puisque les individus à décrire ne constituent pas des espèces botaniques, (Voyez ce mot) mais des variétés. Cependant ces caractères sont vrais dans leurs généralités, quelques exceptions ne leur feront aucun tort.