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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/225

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jusqu’à Toulon, l’olivier y réussira beaucoup mieux que sur les coteaux, parce qu’il y trouvera généralement par-tout beaucoup plus de fond de terre, & un sol bien plus chargé de matières végétales & animales, puisque ce sol est formé des débris de celui des coteaux qui ont été entraînés par les eaux pluviales. Le grand point est l’abri, & quoi encore, l’abri qui augmente, conserve & retient la plus forte intensité de chaleur. Le sol ne contribue par lui-même qu’à la plus grande beauté de l’arbre, ou qu’à la qualité de l’huile relativement aux espèces d’olives, & au grain de terre. C’est l’abri qui assure la durée de l’olivier, & qui le défend contre le froid son plus cruel ennemi, & son seul destructeur : car sans le froid on pourroit donner le nom d’immortel à cet arbre. L’on voit encore depuis Toulon jusqu’à Nice, des oliviers de la plus grande force, de la plus belle hauteur, qui ont été respectés par le fatal hiver de 1709 : qui peut donc fixer quelle sera l’époque de leur destruction ?

Pourquoi l’olivier réussit-il mieux dans les terrains caillouteux, rocailleux, sablonneux ; pourquoi l’huile qu’on retire de leurs fruits, est-elle plus délicate, plus fine que celle des oliviers plantés dans des sols argileux, ou tenaces. Je ne parle pas des fonds aqueux, humides, marécageux où l’olivier réussit très-mal, c’est que les cailloux, les rochers, les sables frappés des rayons du soleil, acquièrent plus de chaleur & la conservent plus long-temps que les terres argileuses, crayeuses, &c. ; c’est que la sève qui monte des racines aux branches, est moins abondante, plus épurée & plus raffinée, par la même raison que les plantes aromatiques ont plus de parfums, lorsqu’elles sont cultivées dans les premiers terrains que dans les seconds. Il en est de même des vins, & par-tout où pénètre une sève trop abondante, ou une sève grossière, les fruits & leurs produits ont peu de qualité. Voilà à quoi tient toute la théorie de l’effet du grain de terre sur la qualité des fruits. Ainsi il en est de l’olivier comme de tous les autres arbres, & j’oserois presque dire comme de tous les légumes.


CHAPITRE III.

De la végétation de l’olivier.


Cet article est important à bien saisir, si l’on veut gouverner cet arbre d’après des principes fondés sur sa nature.

L’olivier tel que nous le cultivons, n’est pas l’arbre naturel ; l’éducation a changé sa manière d’être ; l’arbre venu de semence pivote perpendiculairement. Si le sol lui convient, alors il n’a point ou presque point de protubérance au-dessous du collet des racines qui en sortent : si au contraire, la nature du sol s’oppose au prolongement de son pivot, alors ce pivot se courbe, & il se forme une souche d’où partent les racines latérales. L’arbre cultivé, & qu’on a obtenu, ainsi qu’il sera dit ci-après, a nécessairement une souche d’où s’élancent les mères-racines, & elles s’enfoncent aussi perpendiculairement qu’elles le peuvent dès que le terrain n’y oppose aucun obstacle. De ces mères-racines il part des racines secondaires qui deviennent plus traçantes, & de celles-ci, de plus petites & plus traçantes encore ;