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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/231

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fait l’essai, qu’ils se sont rebutés après un certain nombre d’années, que très-peu ont réussi ; malgré cela, que risque-t-on de tenter encore.

On ne voit jamais, ou presque jamais, les noyaux d’olives germer dans les champs, dans les basses cours, dans les jardins &c. ; la chaleur de nos climats n’est-elle pas assez forte pour opérer leur germination ? Je ne puis le décider ; mais je sais par expérience, que ces noyaux avalés par les moutons, les bœufs & les vaches, sont rejetés ensuite après leur rumination, & ne germent pas ; qu’avalés par des dindes, ils sont digérés, & ne paroissent plus dans leurs excrémens ; que si le fruit a été avalé par une chèvre, elle rend le noyau avec ses crottins ; & que ce noyau planté convenablement, germe, végète, prospère, &c. La poule aime l’olive mûre, elle mange le fruit, rejette quelquefois le noyau ; & si elle l’avale, elle le rend digéré. Les pies qui sont voraces & fort communes dans les pays chauds, avalent le fruit & le noyau, & rendent ce dernier, puisqu’on le trouve entier dans leurs excrémens ; je crois qu’elles sont les grandes pourvoyeuses des semences des oliviers sauvages. Cette digestion animale est-elle une condition nécessaire à la germination ? le problème n’est pas résolu : on le résoudra cependant si l’on veut, en faisant l’expérience suivante : établir une couche sous vitreaux, (voyez ce mot) en changer peu à peu le fumier dès qu’il a perdu la chaleur, lui en substituer du nouveau, ou entretenir sa chaleur par des réchauds ; (voyez le mot Couche) enfin suivre ce qui a été dit dans cet article ; avoir des pots remplis de bon terreau dans lesquels on aura placé trois à quatre noyaux des olives oubliées sur les arbres, & qu’on n’y cueillera qu’à la fin de février, ou de mars, ou même d’avril, si le vent ne les a pas encore abattues ; ou enfin les olives les plus mûres & les plus saines que l’on pourra trouver ; parce que tant que la pulpe subsiste, elle conserve & nourrit le noyau. Je crois que cette méthode est tout aussi expéditive & avantageuse à la germination, que l’est l’estomac de la chèvre & des oiseaux. L’on peut cependant répéter l’expérience en donnant une certaine quantité d’olives à manger à une chèvre, & en conservant ses crottins mêlés avec les noyaux, afin qu’ils les maintiennent dans un point de chaleur & d’humidité convenables jusqu’au moment où on voudra les semer dans des pots : la couche & les vitreaux faciliteront leur plus prompte germination, si on veut les employer. La plante une fois sortie de terre n’exige plus que les soins généraux, c’est-à-dire d’être sarclée & arrosée au besoin.

Comme je n’ai jamais élevé ni vu élever des oliviers venus de semence, je ne puis parler d’après l’expérience : cependant je crois qu’il est important de semer dans des pots, afin de mettre ces plantes, si délicates, à couvert des rigueurs du froid, au moins pendant les premières années ; que chaque année on doit leur donner des pots plus grands & plus profonds, afin de permettre au pivot de s’étendre, de s’alonger à son aise, & de l’empêcher de se replier dans la circonférence du pot. À chaque dépotement les racines trouveront une terre nouvelle, & la plante prospérera beaucoup plus. La grande durée de