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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/235

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& d’en séparer toutes les racines. (cet objet sera pris en considération par la suite) Ces morceaux déracinés doivent être conservés avec soin, afin de former des pépinières. On les divise sur une longueur de neuf à douze pouces, & on les enterre à la profondeur de quatre à cinq.

Aucune espèce de boutures, aucune méthode n’a eu chez moi un succès plus décidé que celle-ci : je la conseille donc d’après ma propre expérience. Il est peut-être possible cependant qu’elle ne réussisse pas par-tout également, mais pour espérer de réussir, il faut être aussi soigneux que je l’ai été.

§. V. Multiplication par la suppression du tronc.

Lorsque l’on voit un tronc caverneux, percé à jour, intérieurement pourri, lorsque la séve monte difficilement dans les branches, enfin lorsque l’arbre est sur le retour, il est temps de l’abattre ; alors on le coupe proprement à fleur de terre, & on recouvre la plaie d’un à deux pouces de terre fine & bonne. L’écorce forme peu à peu le bourrelet, & recouvre une portion de la plaie & sur toute sa circonférence : du bourrelet partent des rameaux dont on supprime la plus grande partie à la seconde & troisième année ; enfin on laisse jusqu’à cinq ou six rameaux des plus vigoureux ; leur nombre doit être proportionné à la bonté du sol. C’est de cette manière qu’après le désastreux hiver de 1709, on repeupla les campagnes.

Ce que l’on vient de dire sur la multiplication de l’olivier, prouve que toutes ses parties servent à renouveler la masse des individus ; qu’absolument parlant toutes les méthodes sont bonnes du plus au moins ; que d’après mon expérience il est prouvé au moins, quant à ma position, mon climat, &c, que les tronçons des branches & des racines plantés horizontalement, donnent plus promptement des pieds, & que ces méthodes sont les moins casuelles.


CHAPITRE V.

De l’éducation des oliviers en pépinières.


Le point essentiel est que les boutures, de quelque genre qu’elles soient, prennent promptement racine, & qu’elles poussent beaucoup. La terre doit donc être tenue meuble par des serfouissages souvent répétés, par un sarclage rigoureux, & par de légères irrigations au besoin. Si dans le courant de l’été on est assez heureux d’avoir trois ou quatre bonnes pluies dans les temps opportuns, l’irrigation (voyez ce mot) devient inutile, à moins que la chaleur & l’évaporation ne soient trop fortes. Les bonnes & les plus salutaires irrigations sont celles qui se font en mai & en août. L’olivier craint la grande humidité, parce qu’elle s’oppose à la concentration de la chaleur : il suffit que la terre soit moîte, ou légèrement humide. Ce sont les circonstances qui déterminent le nombre des irrigations, il n’est pas possible de le prescrire. Il est à propos, le lendemain ou le surlendemain de chaque arrosement, de serfouir la terre afin de lui rendre cette souplesse, cette mollesse que l’eau lui a fait perdre. Avec de tels soins il est impossible que chaque bouture ne reprenne pas & ne donne de beaux bourgeons.