Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rieurs est de modérer la sève, de l’empêcher de se porter à l’extrémité de la tige : il y a plus ; ils sembleront vivre au dépens de la partie supérieure. Le temps viendra où ils demanderont à être supprimés avec modération ; ce sera lorsque la tige, à l’endroit de leur insertion, aura un pouce environ de diamètre : l’année suivante on détruira le rang supérieur, & ainsi de suite. Le grand point, le point unique, essentiel, est de laisser grossir le tronc. L’amour-propre du cultivateur est flatté, lorsqu’il montre sa pépinière, de pouvoir dire ; voilà les pousses d’une, de deux, de trois années ; examinez comme elles sont hautes, droites, &c. : mais le connoisseur demandera quelle est leur force ? Cette jouissance que j’appelle d’amour-propre mal entendu, a été le fléau de presque toutes les pépinières que j’ai vues. Laissez donc pousser tous les rameaux de la seconde, & même de la troisième année, votre pépinière dût-elle ressembler à un taillis, à un buisson. Laissez dire ceux qui jugent sans connoître, & souvenez-vous que les racines seront toujours en raison de la force des tiges & des rameaux. On se convaincra de cette vérité, si l’on considère un érable, un ormeau, un oranger, &c. dont la tête est taillée en boule, & maintenue telle chaque année ; alors comme l’arbre a peu de bois à nourrir, les racines restent courtes ; mais livrez ces arbres à eux-mêmes, leurs racines se proportionneront à la force des rameaux : l’ormeau, le noyer, &c. en pousseront qui iront au-delà de trente à quarante pieds.

Lorsque la masse du tronc est parvenue à une grosseur suffisante, par exemple, à celle de deux à trois ou quatre pouces de diamètre par le bas, proportion gardée sur sa longueur ; c’est alors le moment d’arrêter à une hauteur convenable le sommet de la tige, afin de la forcer à donner naissance à de nouvelles branches qui mettent dans le cas de supprimer tous les rameaux inférieurs. Cette hauteur dépend du climat que l’on habite, & encore plus de la manière, de l’habitude d’y conduire les arbres & leur taille : Après que la tige est formée & proportionnée dans sa grosseur & sa hauteur, on peut alors tirer l’arbre de la pépinière, & le transplanter par-tout où l’on veut.


CHAPITRE VI.

Du manuel de la transplantation de l’olivier, de la grandeur & profondeur des fosses définies à le recevoir, & de sa plantation.


Section Première.

De la transplantation.

On doit distinguer trois genres de transplantations : le premier, des sujets élevés dans les pépinières ; le second, des sujets élevés aux pieds des arbres ; le dernier enfin, des arbres déjà formés qu’on arrache d’un endroit pour les transporter dans un autre.

I. Des sujets de pépinière. C’est la faute des propriétaires, s’ils ne réussissent pas après la transplantation, puisqu’au pivot près, ils ont toutes les qualités des arbres naturels, & qu’ils sont garnis d’un grand nombre de racines & de chevelus.

Il convient d’attaquer la pépinière par un de ses coins, d’y ouvrir une fosse au moins de trois pieds de pro-