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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/248

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que la souche ; puis qu’ayant plus de masse comme souche & racines, il aura un plus grand réservoir de séve.

Actuellement je demande si des racines déjà formées, déjà garnies de leurs chevelus, n’auront pas plus de force de succion que la souche, jusqu’à ce qu’elle ait poussé ses racines ? Je demande si la séve filtrée par les chevelus, ne sera pas mieux élaborée que celle qui est absorbée seulement par la souche… La plantation faite ainsi & avant l’hiver, a donc un mérite de plus que celle de l’entrée du printemps, puisqu’à cette première époque l’arbre bien enraciné n’aura plus d’effort à faire pour entrer en séve, ni pour nourrir ses bourgeons. Actuellement le lecteur est instruit du pour & du contre de chaque époque de transplantation ; c’est à lui à se décider, non d’après les raisonnemens, mais lorsqu’il aura fait avec soin & avec méthode, des expériences de comparaison : je pourrois même ajouter que toutes les méthodes sont bonnes dès qu’on ne voudra pas les généraliser ; leur succès dépend du climat, de l’abri, du sol & de l’espèce d’olivier. Dans tout ce que je viens de dire, j’ai cherché à établir les loix de la végétation sur lesquelles doit porter la théorie ; c’est actuellement au cultivateur à en faire l’application & à les modifier suivant les circonstances.


CHAPITRE VII.

De la conduite de l’olivier après sa plantation.


Section Première.

Du soin des fosses.

Toute terre remuée s’affaisse au moins d’un pouce par pied, ensuite elle se resserre sur elle-même, de manière que, entre la terre remuée & les parois de celle qui ne l’a pas été, & qui forme les côtés de la fosse, il s’établit une gerçure qui pénètre jusqu’au fond de la fosse ; c’est par cette ouverture, par cet interstice que l’humidité du sol, attirée par l’air, & sublimée par la chaleur, s’échappe au grand préjudice des racines. Ce vice a principalement lieu dans les terres tenaces, fortes & compactes. Le moyen d’y remédier, est de jeter de la balle de blé, d’orge, &c., dans ces gerçures, & de les combler avec la terre des parois, à mesure qu’elles se forment. Cette précaution prise de temps à autre, équivaut à un arrosage, & souvent en dispense.

Dans les champs à grains, l’année de la plantation est celle de la jachère, (voyez ce mot) & par conséquent celle du labourage. Ce travail remplit les gerçures, mais si les labours sont donnés après de longs intervalles, les gerçures auront lieu, & on les retrouvera même dans le courant de l’année suivante, si l’hiver a été peu pluvieux, cas assez ordinaire dans les provinces du midi. Il est rare que, sur un champ uniquement consacré aux oliviers, le