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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/25

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comme dans tous les points d’agriculture, une règle générale est abusive. Le moment des semailles dépend de la saison & du climat. Relativement au climat il y a deux époques : dans les provinces méridionales du royaume, telles que celles où l’on cultive les oliviers, & où les grenadiers forment les haies & les buissons, on peut, & on doit semer les graines aussitôt que la baie est bien mûre & desséchée, c’est une année de gagnée, & la pourrette sera en état d’être mise en pépinière après l’hiver.

J’ai voulu connoître jusqu’à quel point la plus ou moins grande maturité de la graine contribuoit à la germination. Des baies dont la couleur de maturité étoit assez clairement prononcée, & mises en terre à cette époque, n’ont pas levé pendant la première année. Quelques-unes de ces baies, assez mûres pour être mangées, ont germé dans une proportion de quatorze sur cent ; très-mûres & prêtes à tomber de l’arbre, plus de la moitié a germé ; la pulpe desséchée, toutes ont germé au bout de quelques jours. Les expériences confirment les assertions avancées plus haut. Les semis ont été faits dans une caisse de neuf pouces de profondeur, & la pourrette y a passé l’hiver sans paillasson ni autre couverture, mais seulement rapprochée d’un abri qui cependant ne l’a pas garantie de la gelée de quatre à cinq degrés. Malgré ce froid, cette pourrette mise en pépinière après l’hiver, a parfaitement réussi. Je n’ose pas dire que cette expérience eût le même succès dans nos provinces du nord ou du centre du royaume : la raison en est simple ; la maturité de la graine y est trop retardée, & les jeunes plants sont encore dans un état trop herbacé à l’approche des froids. Une des causes qui concourt encore à leur destruction, est la trop grande humidité de la terre, qui donne plus de prise & augmente les fâcheux effets des gelées. Afin de prévenir ces inconvéniens, on pourroit semer dans des caisses, & à l’approche de la mauvaise saison les renfermer dans l’orangerie. Malgré ces précautions, la pourrette seroit-elle assez forte pour être mise ensuite en pépinière ? Si elle n’est pas dans ce cas, il vaut autant attendre à semer après l’hiver.

Dans les provinces du centre & du nord du royaume, il convient de semer dès qu’on ne craint plus les fortes gelées. Cependant si, lorsque la graine germe ou a germé, enfin lorsqu’elle est encore tendre, si l’on prévoit des gelées tardives, il est indispensable de couvrir tout le semis avec de la paille longue, & de le laisser, le moins qu’il sera possible, enseveli par-dessous. Semer dans des caisses, met à l’abri de ces inconvéniens, puisqu’on les transporte où l’on veut. La fin de février, les mois de mars ou d’avril, sont à peu près les époques des semis suivant les quatre climats du royaume, que je distingue par climats à oliviers, par climats à grenadiers, à vignes & sans vignes.

§. II. Comment doit-on semer ? Je répondrai à celui qui cherche à perfectionner ses opérations, semez dans des caisses, donnez-leur dix à douze pouces de profondeur, une grandeur & une largeur telles