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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/251

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ces champs sont les seuls endroits où ils puissent paître pendant le reste de l’été, puisque les vignes, les luzernières leur sont interdites. Il en résulte que l’olivier reste sans aucun travail pendant une année franche, passe encore, si à la fin de l’automne on hivernoit par un bon coup de charrue ; mais cette méthode est presque ignorée dans les provinces du midi, où, comme ailleurs, les travaux sont presque toujours faits à la hâte. Les premiers labours commencent pour l’ordinaire au mois de février suivant. Cette méthode de culture est très-défectueuse.

Dans d’autres endroits, les particuliers travaillent leurs champs par un labour croisé, aussitôt après que la récolte a été enlevée. Outre l’avantage de ces labours relativement au sol, on sent bien que le fruit de l’arbre en profitera, ainsi que l’arbre lui-même. Quelquefois la sécheresse de la saison s’y oppose pour le moment ; mais on se hâte de profiter de la première mouillure ; si elle se fait trop attendre, on laboure comme l’on peut.

Plusieurs cultivateurs, au contraire, pèchent par un défaut opposé ; ils sont sans cesse la pioche à la main, & par-là ils augmentent l’évaporation du peu d’humidité qui reste au sol ; cependant, si par d’heureuses circonstances des pluies surviennent, alors leurs peines ne sont pas perdues. Il ne faut que ce qu’il faut en agriculture, le surplus est inutile ; les champs ne sont pas des jardins, & les oliviers n’exigent pas les mêmes soins que les arbustes ou les renoncules de l’amateur. À chaque travail au pied des arbres, il est à propos de détruire les bourgeons qui s’élancent de son tronc, ou du collet ou des racines mêmes ; ils deviennent des parasites très pernicieux.

Section III.

De l’époque à laquelle on doit fumer.

Les sentimens sont partagés sur l’époque à laquelle on doit fumer : examinons donc l’effet des gelées sur un champ nu, fumé ou non fumé, afin d’en faire ensuite l’application aux olivettes : transportons-nous à l’époque des gelées blanches, & examinons quelle est la partie sur laquelle ces gelées sont le plus sensibles. Si je considère une superficie, par exemple, celle d’un creux rempli de fumier, je vois qu’à la moindre froidure, la gelée blanche y est plus sensible, plus apparente & plus forte que dans le sol qui l’environne. Je vois cette même gelée blanche, plus caractérisée sur la superficie d’une prairie, que sur celle d’un champ ; la même remarque a lieu sur un champ nouvellement labouré, en comparaison d’un champ dégarni d’herbe, & labouré depuis long-temps. Ces phénomènes sont constans, & frappent les yeux de ceux qui veulent voir. Mais quelle en est la cause ? Je crois, si je ne me trompe, que la voici. Les lieux les plus susceptibles de recevoir l’impression des gelées blanches, sont ceux où il y a plus de chaleur, & par conséquent plus d’évaporation : supposons actuellement que la chaleur ait une force comme quatre, l’évaporation sera donc comme quatre ; admettons une sem-