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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/285

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ressemble parfaitement à un bateau renversé.

Sa larve est d’un vert fort lavé ; elle a des antennes en masse ; elle marche sur six pattes ; elle a d’abord moins d’une demi-ligne de longueur. Parvenue à l’état de nymphe, elle a deux boutons aplatis attachés à son corcelet ; ce sont les étuis des ailes qu’elle doit avoir dans sa dernière métamorphose. L’extrémité du ventre, la tête & les étuis sont d’un rouge brun. Cet insecte vit dans les aisselles des feuilles & autour des pédicules des fleurs, caché sous une matière visqueuse qui ressemble à du duvet fort blanc. Lorsqu’on veut l’observer, il faut enlever avec un pinceau tout le duvet qui se trouve à l’aisselle d’une feuille. On le distingue bientôt à son mouvement, lorsqu’on l’a bien dépouillé de la matière blanche qui l’environnoit ; on le voit marcher assez rapidement : il a environ une ligne de longueur, lorsqu’il est près de sa dernière métamorphose. Il se place alors au-dessous des feuilles de l’olivier, & y laisse sa dépouille.

» Il y a presque toujours plusieurs nymphes de psylle aux aisselles des feuilles & autour des pédicules des fleurs. La matière visqueuse qu’elles produisent est souvent assez abondante pour envelopper toutes les fleurs. Je me suis assuré qu’elle étoit produite par la partie postérieure de l’insecte. J’ai observé qu’il se plaçoit toujours de façon que sa tête répondît à l’origine de la feuille ou du pédicule.

» On voit des bulles rondes & transparentes suspendues au milieu du duvet blanc : elles sont produites par l’insecte ; elles sont fort douces & fort mielleuses.

» J’ai trouvé des nymphes de psylle dans toutes les saisons ; elles sont pourtant en petit nombre en automne & en hiver. On ne les voit alors que sur les pousses les plus tendres & sur les oliviers qui jouissent d’une bonne exposition ; mais le temps où elles sont multipliées au-delà de toute expression, c’est lorsque les oliviers sont en fleurs. On remarque même que ces arbres n’en sont guère attaqués dans l’année où ils ne produisent rien.

» La matière visqueuse produite par les nymphes des psylles, & que l’on pourroit regarder comme la manne de l’olivier, est connue des cultivateurs sous le nom de coton. Ils la regardent comme une maladie à laquelle l’arbre est sujet, & dont les brouillards occasionnent le développement. Ils sont éloignés de soupçonner que ce soit l’ouvrage d’un insecte. Il est fort nuisible, car indépendamment de la transpiration abondante qu’il occasionne avec sa trompe, il doit altérer jusqu’à un certain point l’organisation des grappes. D’ailleurs, comme les fleurs sont environnées de matières visqueuses, elles se développent difficilement. L’humidité & la rosée s’arrêtent plus aisément à l’entour, & elles coulent d’autant plus facilement que le nombre des insectes est plus considérable.

» Le temps pendant lequel cet insecte vit avant de prendre sa dernière forme, est d’environ un mois. J’en ai élevé très-souvent sous des cloches de verre, en y tenant des rameaux d’oliviers plongés dans l’eau.

» Les cultivateurs aiment à voir régner le vent du nord-ouest, pourvu qu’il ne soit pas trop violent, lorsque