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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/299

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de l’examiner, 1o. que les cires, ou telles autres préparations graisseuses, ne s’appliquent jamais bien sur les plaies des arbres ; l’humidité causée par l’ascension de la séve s’y oppose, & la cire se détache par écailles ; 2o. on verroit que la portion de l’écorce, seule partie regénérative, se dessèche, parce que la transpiration a été interceptée : dès-lors elle peut tout au plus, & à la longue, être chassée par l’extension de l’écorce inférieure à elle, & la plaie n’est que très-tard cicatrisée. Un pareil inconvénient n’est point à craindre si l’on se sert de l’onguent de saint Fiacre : il s’adapte intimement au bois, intercepte l’action de l’air extérieur, & garantit la plaie du hâle & du desséchement ; ensuite les bords de l’écorce forment le bourrelet (voyez ce mot) : ce bourrelet soulève l’argile qui lui devient inutile : enfin peu à peu l’écorce recouvre toute la superficie de la plaie : ceci n’est point un objet de théorie ; il suffit d’avoir des yeux pour être en état de juger soi-même.


OPHTALMIE, Médecine rurale. Nom que l’on donne à l’inflammation de l’œil.

Cette maladie a pour l’ordinaire son siége dans les membranes externes de l’œil, & n’affecte jamais cet organe aussi essentiellement que le fait la goutte sereine, la cataracte, &c.

Les symptômes qui accompagnent l’ophtalmie, sont si sensibles, qu’il est impossible de la méconnoître. Ceux qui en sont attaqués, ont le blanc des yeux très-rouge & très-enflammé ; les vaisseaux qui rampent sur la membrane conjonctive, sont gorgés, de manière qu’ils sont très-saillans : les malades éprouvent dans l’œil un sentiment de chaleur, de tension & une douleur insupportable. Les parties voisines participent pour l’ordinaire de l’inflammation, ainsi que le pouls qui devient dur, serré & fréquent. La fièvre se manifeste quelquefois ; les paupières se tuméfient ; on sent un battement bien marqué dans les artères temporales. La lumière fatigue beaucoup : tantôt les yeux leur paroissent pleins de petits points noirs, & tantôt on croit voir voler des mouches. Il arrive quelquefois que les paupières sont tellement renversées, que l’œil demeure ouvert sans pouvoir se fermer. D’autres fois elles tiennent tellement ensemble que l’œil ne peut s’ouvrir.

La cause immédiate de l’ophtalmie est le sang qui coule en trop grande quantité dans les vaisseaux de la conjonctive, qui y reste en stagnation, & conséquemment les distend. L’ophtalmie est souvent causée par la suppression des évacuations périodiques, par la répercussion de la galle & d’autres maladies de la peau, par la suppression de l’écoulement de quelques vieux ulcères.

Des coups portés sur l’œil, des corps étrangers qui peuvent s’y introduire, l’application de matières âcres, la piqûre de certains insectes, peuvent aussi occasionner cette maladie.

Elle dépend très-souvent de l’âcreté du sang & de la lymphe, de l’abus des boissons échauffantes, de l’excès dans les plaisirs de l’amour, des veilles immodérées, d’un exercice trop violent, d’un long séjour à l’air froid & humide, du passage subit d’un endroit chaud en un lieu froid ; mais rien n’en plus capable de causer l’inflammation des yeux que de les fixer long-temps sur la neige ou sur d’autres