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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/307

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arbres produisent leurs fleurs & leurs fruits en même temps, c’est-à-dire que sur le même pied on voit des fleurs, des fruits naissans, des fruits avancés, & des fruits mûrs. Ces derniers, dans nos climats, ne sont mûrs qu’à la seconde année. L’oranger est plus agréable à contempler dans nos jardins que lorsqu’il est forestier. Les citronniers épineux forment des haies impénétrables dans nos îles ; elles y sont multipliées afin de défendre les plantations de canes à sucre de l’incursion des animaux. On les rendra plus impénétrables encore & plus fructifiantes, si on suit la méthode indiquée au mot haie.

Si on excepte quelques cantons privilégiés de la Provence, on ne voit guère en France des orangers ou citronniers plantés en pleine terre, à moins que par des soins multipliés, on ne les garantisse des gelées. Dans le village d’Hières, on est même obligé de couvrir les citronniers, les cédrats, &c. pendant les rigueurs du froid. Des amateurs, dans les provinces du midi, ont quelques orangers & citronniers en espaliers contre des murs qui les abritent du nord. Au château de la Chaise, entre Villefranche & Beaujeu, & sur la hauteur, on voit un bel & très-long espalier d’orangers en pleine terre. À l’entrée de chaque hiver on construit sur toute la longueur, une espèce de serre en bois, & l’espace qui se trouve entre les planches & le mur est rempli avec des feuilles sèches. Lorsque la rigueur du froid augmente, on allume le feu à une des extrémités, & la chaleur est portée, par des tuyaux, dans toute la serre. Au printemps, lorsque la saison est décidée, toutes les enveloppes sont emportées, & le voyageur est très-étonné de voir des orangers en pleine terre sur cette montagne.

Ces palissades ont un défaut essentiel ; elles sont trop épaisses ; ce qui provient sans doute du peu de capacité de la personne chargée de les entretenir ; elle se contente, chaque année, de supprimer le bout des branches & les feuilles qui dépassent la ligne… En tenant ces branches plus ravalées près du tronc, on diminueroit le diamètre, le tapis de verdure seroit plus égal, & les fruits plus gros & plus multipliés.


CHAPITRE II.

Des moyens de multiplier les orangers & les citronniers.


Les semis, les boutures, les provins & les marcottes servent à multiplier ces arbres, & les Génois ont établi une branche de commerce de ces provins & de ces marcottes. Ce sont eux qui fournissent les pépiniéristes de Provence, qui les distribuent dans le reste du royaume, à moins que des particuliers ne trouvent des occasions pour les tirer directement d’Italie.

I. Des semis. Il convient de choisir les plus beaux citrons, les plus belles oranges, de les laisser pourrir, & d’en séparer ensuite les pépins. L’homme a regardé comme de son domaine toutes les espèces de fruits ; mais la nature en a originairement destiné la chair ou la pulpe pour la perfection de la semence : c’est donc un très-petit sacrifice à faire lorsqu’on désire avoir une graine parfaite.