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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/315

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donner issue aux eaux superflues des arrosemens, & par là d’empêcher la pourriture des racines. À la vérité cette méthode est bonne ; mais je me suis également bien trouvé de jeter dans ce fond une couche de deux pouces de fumier pailleux & bien serré.

Il y a deux manières de disposer la terre dans la caisse ; dans la première on bat la terre, on la serre le plus que l’on peut jusqu’à la hauteur sur laquelle doit reposer la motte de l’arbre. L’oranger mis en place, on ajoute de la terre tout autour, on la serre & on la bat de nouveau, jusqu’à ce que l’on soit parvenu à remplir le pot ou la caisse. Le but de cette opération est d’empêcher 1°. que l’eau des arrosemens ne pénètre trop promptement la terre, ne la délave & n’entraîne avec elle la graisse de la terre, l’humus ou terre végétale soluble dans l’eau ; 2°. que le tronc de l’arbre ne soit couché d’un côté ou d’un autre par les coups de vent.

Dans la seconde méthode on ne foule point la terre, mais on connoît jusqu’à quel point elle doit se tasser, alors on dispose la motte de manière que le collet des racines excède d’autant la superficie de la caisse ; & à mesure que la terre se tasse, l’arbre s’enfonce ; mais comme il reste un grand nombre de racines à découvert, on a le soin de garnir tout le pourtour de la caisse ou du pot avec de petits morceaux de planches, ou avec des briques ou des tuiles plates & minces, d’où résulte un encaissement que l’on remplit de terre. Au premier arrosement la terre se plombe & l’arbre descend ; enfin, après quelques jours il est aussi enfoncé qu’il doit l’être : alors on débarrasse la superficie de la caisse, de la masse de terre qui est devenue inutile.

Cette seconde méthode est à tous égards préférable à la première qui a été adoptée par le travailleur paresseux, afin d’arroser moins souvent mais beaucoup trop à la fois, comme on le dira ci-après.

IV. De la suppression des racines. La végétation de l’oranger & du citronnier est rapide, soit pour les branches soit pour les racines ; & ces dernières remplissent tellement la caisse la plus grande, qu’à la fin de la seconde année elles tapissent leurs parois intérieures ainsi que le fond. Les jardiniers donnent le nom de perruque à ces chevelus, parce qu’ils sont tellement entrelassés & placés si près les uns des autres, qu’ils semblent former un tissu de cheveux : cette surabondance de chevelus nécessite leur suppression à la fin de la seconde année.

La majeure partie des jardiniers ne laisse pas à la souche le diamètre d’un pied en tout sens, de manière qu’il ne reste, pour ainsi dire, que les chicots des grosses racines. Comme il ne reste plus de proportion entre les racines & la tête de l’arbre, on est forcé de serrer, de battre la terre tout autour du pied, afin qu’elle ne cède pas à la moindre agitation que le vent imprimera aux branches, & afin que le trône reste perpendiculaire. Un homme de bon sens concevra aisément que cette terre si fortement serrée équivaut à de l’argile, & que les nouvelles racines & chevelus que l’arbre va pousser, auront la plus grande peine à la pénétrer ; dès-lors la végétation des branches doit nécessairement languir pendant un temps considérable, d’où résulte la chute