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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/36

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la base d’un arbre la séve soit encore engourdie, tandis qu’elle est en mouvement dans la partie supérieure, & ainsi tour à tour. Il faut donc une appropriation, une affinité entre les deux sujets. Cette différence du mouvement de la séve sur un même arbre greffé, paroîtroit paradoxale si on n’avoit pas sous les yeux les belles expériences de M. Duhamel, rapportées au mot amandier, tome premier, page 458.

CHAPITRE VI.

De la transplantation de l’arbre fait.

On ne doit pas perdre de vue que j’écris pour le cultivateur qui prend soin lui-même de ses pépinières, & non pour le pépiniériste qui ne demande qu’à vendre, ni pour la personne qui achète sans réflexion ce qu’on lui donne, ou qui tient à de vieux préjugés.

Section Première.

Des fosses destinées à recevoir les Mûriers tirés de la pépinière.

Il est très-facile de fixer la largeur & la profondeur des fosses pour les arbres que l’on achète chez les pépiniéristes, & qui sont plantés suivant la plus mauvaise des routines ; six pieds en quarré, deux pieds & demi de profondeur, voilà la loi, ou beaucoup moins, si l’on veut ; il y a de l’espace de reste, puisqu’on ne laisse autour du tronc que des racines de douze à quinze pouces de longueur. Un diamètre de trois à quatre pieds est donc suffisant. Tel est sur ce sujet l’avis de plusieurs écrivains. J’ose dire : proportionnez la grandeur & la profondeur des fosses à l’étendue & au volume des racines ; maïs comme on ne peut connoître quelles seront leurs proportions, que lorsque l’arbre aura été tiré de la pépinière, on ne risque jamais rien de faire des fosses de trois pieds de profondeur sur six à sept de largeur, & de les faire quarrées & non pas rondes, parce qu’il y aura une plus grande masse de terre remuée.

Ceux qui veulent planter aux Avents, doivent faire ouvrir les fosses dans l’été & dans l’automne, pour les plantations de février ou de mars. Il est très-avantageux que la terre du sol reçoive les influences de la lumière & de la chaleur du soleil ; que la terre jetée sur les bords y soit soumise sur une très-grande superficie, ainsi qu’aux engrais météoriques. (Voy. le mot Amandement) Si le sol est de médiocre qualité, s’il est caillouteux, rocailleux, la fosse doit être plus grande & plus étendue en raison du peu de qualité du terrain. La terre végétale qui couvroit la superficie de la fosse, demande à être rangée sur les bords, & celle du dessous jetée au-delà. Cette première terre plus remplie d’humus, mieux divisée, mieux travaillée que l’autre, servira à garnir les racines lors de la plantation.

Si la grandeur des fosses qui vient d’être indiquée, lorsqu’on y présentera les racines de l’arbre, comme il sera dit ci-après, n’est pas suffisante, on sera à temps alors d’élargir le trou dans tous les sens. Que de dépenses & de soins on auroit évité, si la pourrette, sortant de la planche du semis, avoit été plantée à demeure, greffée sur place dans le temps, & travaillée chaque année suivant le besoin !