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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/363

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croix de ces deux morceaux correspond aux quatre ouvertures béantes du bout de la tige ; alors il les saisit avec la main droite & les deux mains tirent, la droite en haut & la gauche en bas, ce qui divise la tige en quatre ; si les morceaux sont encore trop gros, on les soudivise en deux. Les plus longs sont destinés pour les grands treillages, & mis dans des paquets séparés ; les moyens pour les tonneliers, & les plus petits pour les vignes à petits échalas : de cette manière rien n’est perdu, & presque jusqu’aux plus petits rameaux de l’osier tout est employé utilement. Le débit en est prodigieux dans les ports de mer, parce que la majeure partie des marchandises de mer est expédiée dans des tonneaux. On fait même des pacotilles d’osier pour nos îles, afin de ne pas être obligé d’y employer les lianes du pays qui ne durent point assez & qui lient mal. Enfin, les Hollandais qui ne rejettent aucune branche du commerce, en apportent dans les ports de nos provinces méridionales. Le Proverbe dit qu’un pied d’osier vaut mieux que deux pieds de vignes, & qu’année commune il rend plus que trois ceps. Les vanniers en consomment beaucoup, ils emploient l’osier avec son écorce pour es corbeilles communes quand ils n’ont pas d’autres rameaux de saule ; l’osier écorcé sert aux ouvrages plus délicats. Ils disposent en bottes les osiers coupés, & la botte est liée & tenue dans un endroit humide, dans une cave, jusqu’à ce que les osiers poussent des feuilles & soient en sève. Alors passant chaque brin dans une mâchoire de bois, & à plusieurs reprises, l’écorce est enlevée ; il faut auparavant avoir séparé tous les petits rameaux des tiges : après cette opération, les tiges sont bottelées de nouveau, & serrées par trois liens à des hauteurs différentes, afin qu’elles ne se déjettent pas. Lorsque l’on veut s’en servir, on les met tremper dans l’eau.

Plusieurs écrivains ont avancé que le sol de l’oseraie devoit être perpétuellement humide ; l’expérience dément cette assertion, & prouve, au contraire, qu’un terrain trop humide nuit à la végétation de l’osier, & lui donne la qualité de gras & de mal liant, dénomination employée par les tonneliers & par les vignerons. La meilleure oseraie est celle dont le sol qui approche des racines est toujours un peu humide, mais non pas aqueux. L’osier ne végète pas mal dans les terres fortes & substantielles ; elles retiennent assez d’humidité. Il prospère dans la terre des jardins lorsqu’il est arrosé au besoin. Il réussit très-mal dans les provinces du midi, à moins qu’il ne soit planté près d’une fontaine, d’un ruisseau, ou dans un bas-fond un peu humide.

Il y a plusieurs manières de planter l’osier. Ln première est d’ouvrir des fossés de deux pieds de profondeur sur autant de largeur, & d’y placer à trois ou quatre pieds de distance les tiges, de manière que l’extrémité inférieure de la tige touche un des côtés du fossé, qu’une partie soit couchée sur le fond, & que l’autre soit redressée contre la partie opposée du fossé, & la surmonte de douze à dix-huit pouces. Dès que la tige est ainsi disposée, on remplit la fosse de terre, en observant de ne pas déranger la disposition de la couche. Dans peu la partie horizontale du fond de la fosse se garnira