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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/376

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fixe les attaches, les anneaux, &c. qui doivent l’assujettir contre le mur. Après l’hiver, par un temps bien sec, on roule ce paillasson sur lui-même, & on le maintient dans cet état par trois ou quatre morceaux de ficelle que l’on noue. Cette espèce de paillasson est beaucoup plus coûteuse en apparence, que les autres ; mais la durée dédommage de beaucoup des avances qu’on a faites. J’ai vu dans ma maison paternelle, de semblables paillassons durer plus de trente ans, sans exiger d’autres réparations que de recoudre de temps à autre quelques tresses dont la ficelle étoit usée : cependant ces paillassons étoient, pendant près de cinq mois de l’année, placés devant les fenêtres d’une orangerie. La facilité avec laquelle on les manie, on les place, on les roule, pendant les beaux jours, & le peu d’espace qu’ils occupent sous la remise après l’hiver, lorsqu’ils sont roulés & rangés sur des planches & non pas sur la terre, tout en un mot engage à les préférer aux autres. Si on objecte la dépense excessive qu’occasionneroit un changement complet de tous les paillassons d’un vaste espalier, je répondrois : servez-vous de ceux qui existent, tant qu’ils seront en bon état ; mais lorsqu’il faudra les remplacer, faites-en faire avec des tresses de paille ; que la ficelle soit de bonne qualité & bien cirée ; car c’est par elle que commence le dépérissement de ces paillassons. Alors, en divisant la dépense, & ne la faisant que peu à peu, elle deviendra moins onéreuse.

M. de la Villehervé, excellent rédacteur des précieux Mémoires de M. l’abbé de Schabol, décrit ainsi les paillassons dont on se sert a Montreuil. « Au lieu de les faire avec de la ficelle qui tient les pailles à diverses mailles, les montreuilois choisissent trois traverses faites avec le cerceau droit du demi-muid, un dans le milieu, & un à chaque extrémité, dessus le plat ils posent un lit fort épais de paille de seigle, entretenu par trois autres traverses qui répondent à celle de dessous, & ils attachent le tout ensemble avec du fil de fer, de distance en distance. Vous placez dans le mur deux chevilles de bois pointues & saillantes d’environ un pied, destinées à recevoir le paillasson que vous enfoncez à tel éloignement du mur que vous voulez, immédiatement au dessous de sa première traverse : comme il ne touche point aux arbres, l’air circule par derrière ; les boutons, les fleurs & les bourgeons ne peuvent être attendris ni jaunis. »

De quelque espèce que soit le paillasson, il ne doit point être collé contre le mur, c’est-à-dire porter sur l’arbre. Les tablettes dont on a parlé au mot espalier servent à le soutenir & à l’éloigner de l’arbre & du mur.


PAILLE. Tuyau ou tige des plantes graminées dont on a séparé tout le grain, de manière que l’épi reste vide au sommet de sa tige ou son tuyau.

Pailler est le lieu où l’on renferme la paille. On appelle encore vulgairement pailler une certaine quantité de paille amoncelée & rangée comme un gerbier, (voyez ce mot) & qui reste exposée à l’air où elle se conserve très-bien & sans que la pluie soit capable de la pénétrer. La paille ainsi conservée est préférable à