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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/412

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pétit peut ; elles éprouvent des maux de tête, de fréquentes palpitations de cœur, des angoisses & souvent même des défaillances ; leur pouls devient fréquent & petit ; elles se sentent essoufflées au moindre mouvement extraordinaire quelles font ; elles ont du dégoût pour tout ce que l’on peut leur proposer d’agréable. Leurs urines sont épaisses, troubles, rouges & quelquefois noirâtres. La fièvre lente survient, elle redouble, sur-tout le soir. Les frissons s’emparent de tout le corps, les hypocondres augmentent de volume, le ventre se tuméfie & grossit au point qu’on est porté à soupçonner un état de grossesse.

Les filles, dans cet état, sont très paresseuses ; elles passeroient les jours & les nuits à dormir, si on n’avoit le soin de les éveiller. Cette pente au sommeil tient à la foiblesse des organes, & rend cette maladie plus opiniâtre & plus difficile à guérir. Une infinité de causes peut occasionner les pâles couleurs ; Rivière regarde l’obstruction des vaisseaux qui environnent la matrice, comme la cause immédiate de la chlorose ; mais outre cette cause qui est la plus ordinaire, on a vu cette maladie excitée par l’épaississement des humeurs, occasionnée par la foiblesse des fibres, par une boisson chaude trop abondante, par le défaut d’exercice, par un sommeil trop long, par des évacuations périodiques supprimées, par l’abus des boissons échauffantes & spiritueuses, par une pléthore universelle. Les vives passions de l’ame, telles que la colère, le chagrin, un amour malheureux, des désirs vains, ou trop mal satisfaits, lui donnent aussi naissance.

« Sauvage regarde cette maladie comme très-opiniâtre ; & selon lui, elle ne disparoît guère que lorsque le temps de la cessation des règles est arrivé : mais la couleur pâle vient de ce que la lymphe prédomine dans les vaisseaux de la peau & absorbe la couleur rouge du sang. Ce célèbre médecin nous apprend encore que dans cette maladie les digestions se vicient de différentes manières. Les humeurs excrémentitielles retenues, pervertissent de jour en jour la masse du sang, les solides se relachent, le tissu cellulaire s’engorge de cette sérosité vicieuse ; le cœur & tous les muscles s’affoiblissent : de là, la pâleur plombée, la couleur de cire que quelques-uns nomment verte : les pieds se gonflent sur le soir, ils retiennent l’impression des souliers & celle qu’on y fait avec les doigts ; le matin les paupières s’enflent & sont livides, mais les chairs, par exemple celle des joues, sont enflées & non amaigries. Cette maladie dégénère souvent en cachexie & en anazarque ou leucophlegmatie (Voyez ces deux mots) »

Les indications à remplir-dans le traitement de cette maladie, sont relatives aux causes qui l’ont produite : la première sera de diminuer la masse du sang, puisqu’il y a une pléthore réelle dans presque tous les sujets, attaqués des pâles couleurs. On ne saignera du pied que les sujets foibles, mais dont le sang est pur & dont les douleur & la pesanteur de tête, ainsi que celle des reins & des lombes, laissent appercevoir une gêne & uni embarras dans la circulation. Mais la saignée doit être proscrite, si le sang a dégénéré, & s’il y a sur-tout une