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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/414

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cause une passion naissante. Maïs si les plaisirs de l’amour provoquent les règles, le mariage sera un moyen curatif. C’est aussi pour cette raison qu’Hippocrate recommandoit qu’on mariât les filles chlorotiques ; il avoit aussi observé que, si elles concevoient, leur guérison étoit certaine. M. AMI.


PALISSADE, PALISSADER, PALISSAGE. Le premier mot a plusieurs acceptions ; il signifie la clôture d’un lieu quelconque, soit avec des piquets en bois, soit avec des pierres minces, larges & hautes, & plantées en terre par un de leurs bouts. Cette clôture est assez ordinaire dans les pays où le bois est rare, & où cette espèce de pierre propre à la palissade est commune. Dans la seconde acception, une haie, une allée plantée en charmilles, en ormeaux, & taillée en manière de mur, est appellée palissade. La beauté d’une palissade consiste à être bien fourrée depuis le haut jusqu’en bas, à conserver dans sa hauteur une proportion convenable à la largeur de l’allée & à sa longueur : communément sa hauteur est de deux tiers plus grande que la largeur de l’allée. En supposant dix pieds à cette dernière, la hauteur sera de vingt pieds. Consultez le mot allée sur les proportions qu’elle exige suivant sa longueur.

Les palissades ont leurs agrémens quoiqu’en disent les prôneurs des jardins prétendus anglois (Voyez ce mot). Elles sont utiles pour masquer une vue désagréable, pour procurer de l’ombre près de l’habitation, sans intercepter la vue, & sur-tout le courant d’air, comme cela arrive souvent par la plantation des grands arbres. Ainsi sans multiplier les palissades suivant l’ancienne méthode, elles servent encore à la décoration des jardins, à l’embellissement des parcs : si on les multiplie, tout devient monotone, l’ennui gagne, & l’on cherche les promenades loin de ses possessions.

Lorsque l’on plante une palissade, on ne voit qu’un espace nu, & presque toujours l’on ne donne pas assez de largeur à l’allée. Peu à peu l’épaisseur de la palissade augmente, & l’allée devient plus étroite ; elle le paroît encore plus à mesure que la palissade s’élève.

Toute très-grande allée en ce genre de palissade est triste, fatigue celui qui se promène, parce qu’avant d’arriver au terme, il ne voit que la même chose. Ainsi en réclamant les avantages des palissades, je ne me fais aucune illusion sur leurs défauts. Je dis plus ; au milieu d’une scène sauvage ou agreste, l’œil aime quelquefois à trouver une petite partie soignée & placée comme hors de son domicile : c’est le trop qui fatigue.

L’épaississement de la palissade dépend de la main de celui qui la taille. Il se contente d’abattre au volant, ou de tondre avec les ciseaux, les bourgeons de l’année ; il ne prend pas sur le bois de la précédente, mais un peu en avant ; ainsi de proche en proche l’épaisseur gagne, & il faut enfin venir à ravaler toutes les branches jusques près du tronc : le jardinier devroit donc commencer sa première taille pendant l’hiver, & il auroit la facilité de raccourcir à volonté.

On peut, si l’on veut, rendre les palissades de clôture aussi assurées que le meilleur des murs, si on les