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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/479

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roit mangé dans une semaine ; si l’on trouve qu’il soit trop long de faire venir des haies, on peut les suppléer par des fossés dont la terre est jetée sur chacun des bords, & ensemencée sur le champ en graines choisies & propres aux prairies.

Le bon cultivateur n’oublie jamais de planter au milieu de chaque division, ou dans telle autre de ses parties, un certain nombre d’arbres, afin que le bétail puisse, sous leur ombre, se reposer des travaux de la journée, & braver la chaleur du jour. Ces retraites sont indispensables dans les provinces du midi. On voit en effet le bétail abandonner l’herbe la plus attrayante, & rechercher un ombrage dont il a besoin pour ruminer paisiblement.

Les divisions de pâturages sont de toute autre plus grande nécessité lorsqu’on élève des poulains & des chevaux. Sans cette précaution ils s’attachent à l’herbe la plus tendre, & tant qu’ils en trouvent ils dédaignent l’autre qui devient à la fin trop dure.

Aussitôt que les animaux ont fini de manger toute l’herbe d’une de ces divisions, on les fait passer dans une autre, & si on a la facilité d’arroser, l’eau sera donnée aussitôt après leur sortie, & aussi souvent que le besoin l’exigera, & ainsi de suite pour chaque division. On est assuré, en suivant cette méthode, d’avoir sans cesse d’excellens pâturages.

Il est avantageux, lorsque le local le permet, de les placer près de la métairie, afin que l’œil du maître veille plus facilement sur la conduite, la tenue & la nourriture de son bétail. D’ailleurs, il faut compter pour beaucoup le temps prodigieux que les valets perdent chaque jour pour les conduire au pâturage, & les en ramener, sur tout lorsque le champ où l’on a labouré en est éloigné. Un autre avantage qui en résulte, est d’avoir près de la métairie un lieu commode & sûr, pour y faire passer les nuits d’été au bétail qui a le plus grand besoin de se rafraîchir & de se délasser des fatigues de la journée. Par cette position les loups & les voleurs sont moins à craindre.

Les excrémens des animaux, multipliés &c placés près à près, ruinent insensiblement les meilleurs pâturages. Une bouse de bœuf recouvre une surface circulaire de huit à dix pouces de diamètre, il en est ainsi du crottin du cheval ; l’herbe recouverte par eux, privée des bienfaits de la lumière du soleil & du contact immédiat de l’air, pâlit, s’étiole & pourrit ; mais ses racines ne meurent pas. Lorsque la pluie, ou tel autre météore a décomposé ces excrémens, alors l’herbe repousse avec plus de vigueur ; mais quel temps passé en pure perte jusqu’à cette époque ! Il est donc nécessaire qu’un valet soit chargé d’éparpiller chaque jour le crottin du cheval, & lorsque la fiente du bœuf est sèche, qu’elle forme une croûte, de la rompre, de la diviser par petites parcelles, & de les étendre au loin sur la surface.

Le bétail ne prospère jamais dans les pâturages humides, aqueux ou marécageux. Il y trouve une herbe aigre & peu nourrissante ; une herbe nécessairement chargée d’une forte rosée, chaque matin & chaque soir qui la fait rouiller ; d’ailleurs cette humidité, sans cesse renaissante, que l’animal éprouve, relâche ses muscles, diminue l’activité de ses viscères, le rend mou, paresseux, parce qu’il n’a plus la force d’être actif, & le