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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/486

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donc clair qu’on doit travailler relativement au but que l’on se propose, & de la manière indiquée par l’état de la racine & par la constitution de la plante.

Le pavot peut devenir une des plantes les plus utiles, lorsqu’il s’agit d’alterner & de supprimer les années de jachères ou de repos. (Consultez ces mots) Plus on approche des provinces du midi, & plus les semailles doivent être hâtives, parce que les chaleurs de mai & de juin pressent trop la végétation ; & il en est des pavots semés en février ou mars, comme des blés marsais, qui ne sont jamais aussi gros, aussi nourris que les blés hivernaux. Il est donc avantageux, dans ces pays, de semer de bonne-heure, c’est-à-dire en septembre ou en octobre. Au contraire, dans les provinces du nord du royaume on peut attendre sans autant de risques, les mois de février ou de mars ; mais l’œillette qui y sera semée avant l’hiver, en vaudra beaucoup mieux. On ne craint pas que les troupeaux endommagent cette plante.

Lorsque l’on veut semer en septembre ou en octobre, on donne deux labours croisés aussitôt que la récolte des grains est sortie des champs. Il est avantageux d’en brûler le chaume avant de labourer, non à cause du médiocre engrais, produit par l’incinération, mais afin de faciliter le labourage, & pour que ce chaume, qui n’aura pas eu le temps de pourrir avant le mois de septembre ou d’octobre, ne s’oppose pas au nivellement des terres au moment de semer. Autant qu’il est passible, on choisit pour labourer, un temps où la terre ne soit ni trop sèche, ni trop humectée, afin que la charrue ne la soulève pas en mottes. Si la nécessité y contraint, on laissera, pendant quelques jours, la terre trop humectée & tirée des sillons, se ressuyer, & des enfans & des femmes armés de petites masses à longs manches, en briseront ensuite les mottes ; les mêmes femmes & les mêmes enfans suivront la charrue, & répéteront la même opération si la terre est trop sèche. Le point essentiel est de diviser la terre le plus que l’on pourra, &, s’il se peut, de la rendre meuble comme celle d’un jardin.

Avant de semer, on passe la herse (consultez ce mot) à plusieurs reprises différentes, jusqu’à ce que la terre soit bien unie ; ensuite on forme une nouvelle herse avec des fagots, avec des épines, afin que toute la surface soit bien unie. On sème ensuite à la volée & clair ; enfin on passe & repasse la herse de fagots. Lorsqu’après le semis, il survient une pluie douce, la graine s’enfonce d’elle même, & on est assuré qu’elle lèvera dans peu de jours.

Il est impossible, en semant, de disposer les graines, comme on le feroit dans un jardin ; ainsi, dès que les plantes commencent à prendre une certaine consistance, on supprime de gros en gros, en sarclant les plants trop confus. Après l’hiver, on serfouit & on farcie plus rigoureusement ; enfin, par un petit & dernier sarclage & binage au moment de l’élancement des tiges, on ne laisse que les pieds nécessaires à une distance à peu près de quinze à dix-huit pouces. Il ne s’agit pas ici, comme, dans les jardins, d’atteindre à la sublime perfection de la fleur ; il faut songer à multiplier le produit de la récolte, & par conséquent à ne laisser