Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épuisés lorsque l’arbre tend à sa fin, on ne fait pas attention qu’il a cela de commun avec tout ce qui périt de vétusté. Il vient à la fin un temps où l’abondance des sucs aux arbres, & le comestible aux animaux, sont une foible ressource pour empêcher les fibres charnues & ligneuses de se rapprocher & de s’oblitérer, au point que le sang, ainsi que la séve, circule difficilement ; enfin vient le terme qui avoisine la mort.

» On dira peut-être que l’expérience démontre qu’un arbre planté à la même place où un autre est mort, périt bientôt ; j’en conviens, mais ce n’est pas faute de sel, c’est parce que le mûrier ne peut subsister dès qu’il rencontre les parties cadavéreuses ou racines de son prédécesseur. Ainsi on purge la terre de ces dernières, comme je le fais lorsque je renouvelle quelques parties de mes plantations qui sont bien plus belles que la première fois, tant par le choix des meilleures espèces que parce que j’ai fait fouiller la terre pour en extraire toutes les racines. Elle en est plus améliorée par les travaux, par les engrais, & mes nouvelles plantations produisent déjà un quart de plus que les premières qui étoient à une trop petite distance, & que j’ai placées en dernière détermination à neuf pieds en tout sens.

» On voit avec surprise des fonds produire annuellement, autant qu’ils ont coûté d’achat, lorsqu’ils étoient de si petite valeur que le seigle y produisoit ordinairement deux, & rarement trois pour un : aussi ce domaine qui portoit à peine 300 liv. de rente quitte, produit tous les ans 14 à 1500 quintaux de feuilles, & jusqu’à 1000 quintaux de vin. L’on y voit avec plaisir une allée en treillage soutenu par quatre cents piliers en maçonnerie : cette avenue traverse mes plantations de mûriers.

» Les terres à seigle sont sans contredit celles qui conviennent le mieux aux mûriers ; le sacrifice est d’ailleurs bien moindre que dans celles à froment.

» La sétérée étant ici de six cents toises quarrées, il y entre trente-sept mûriers à plein vent, qui, à quatre toises, ont chacun seize toises quarrées. La même sétérée étant plantée en mûriers nains, peut en contenir 267, à neuf pieds de distance, ce qui fait environ huit pour un.

» Il ne faut que cinq à six ans pour que les arbres nains soient dans un grand produit ; au lieu que le mûrier à plein vent, qui reste médiocre dans un mauvais fond, sur-tout s’il y est établi en quinconce, ne parvient à son fort produit qu’à quinze ans.

» Lorsque l’on veut défricher le sol destiné à la plantation, l’on prépare convenablement la terre, en la cultivant à la bêche à un pied & demi de profondeur : lorsque le quinconce est tracé, on fait le creux d’environ un pied ou quinze pouces, & l’on y plante le mûrier tout greffé. Si la plantation est destinée à être cultivée à bras d’homme, ce qui est le mieux, les arbres ne doivent avoir que 4 pieds d’élévation hors de terre. J’observe que le travail à la main ne coûte en sus de celui fait au labourage, que ce qu’il y a à économiser sur la cueillette de la feuille.

» Si l’on veut, au contraire, que la plantation puisse être cultivée à la charrue, les arbres doivent avoir six pieds hors de terre. Dans les