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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/543

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d’égards, diviser le globe en quatre parties ; la glaciale, la tempérée, la chaude & la très-chaude ou torride… Les arbres des deux extrêmes, ne peuvent vivre ailleurs que chez eux ; & ceux du centre, qu’en se rapprochant des unes ou des autres parties. Quoiqu’il en soit, la bonté de la pêche & sa maturité, exigent, dans toute la France, une bonne exposition ; tout au plus dans quelques provinces méridionales, l’exposition du nord suffit-elle à certaines espèces. Le levant, le midi & le couchant sont les seules expositions qui leur conviennent en général ; excepté celle du midi, les deux autres ne conviennent qu’aux espèces hâtives dont on veut prolonger la durée des fruits ; & encore cela tient-il au climat.

Les sols très-tenaces, tels que sont les terrains argileux & trop crayeux, ne conviennent point aux pêchers ; les racines ne peuvent s’étendre ; l’humidité qu’ils retiennent quand ils en sont une fois pénétrés, fait jaunir les feuilles, & l’arbre se charge de gomme. La même chose arrive dans les terres naturellement humides, goutteuses ; les fruits y sont pâteux & insipides, & il y mûrissent plus tard que si l’arbre avoit été planté dans un autre sol.

Lorsque le fonds de terre est doux, substantiel, & qu’il a une certaine profondeur, l’arbre devient beau & les fruits délicieux. Ces fruits sont plus parfumés dans les terrains sabloneux & légers ; mais ils y sont moins succulens.

Les terrains appellés froids, soit à cause de leur humidité naturelle qui tient à leur position, soit à cause de la même humidité qu’ils retiennent, à cause de la ténacité de leurs parties, demandent des pêchers greffés sur pruniers ; les autres sols, au contraire, exigent des pêchers greffés sur amandiers, ou sur abricotiers, ou sur franc. Les arbres sont plantés en espaliers (consultez ce mot) ou à piein-vent. Dans les provinces du nord, très-peu d’espèces réussissent à plein vent, parce que les fruits n’éprouvent pas la chaleur nécessaire à leur maturité. On est donc forcé de recourir à l’art, c’est-à-dire à l’espalier. Dans les provinces du midi, l’espalier est inutile, & les fruits que l’on cueille sur les arbres ainsi disposés, n’y sont jamais aussi savoureux, ni aussi parfumés que ceux des arbres à plein vent. L’espalier a été imaginé pour l’agrément & par le besoin. Un mur nu est très désagréable à voir ; tapissé par une belle verdure enrichie de fruits agréablement & diversement colorés, il récrée la vue & ne l’éblouit pas comme un mur tout blanc. Le besoin de se procurer beaucoup plus de chaleur, a fait imaginer les abris, & les murailles en forment d’excellens, puisque la chaleur tient à la réfraction des rayons du soleil. Plus le mur est blanc & moins la chaleur se concentre, les rayons du soleil sont trop réfléchis ; les murs en briques, au contraire, sont bien mieux pénétrés par la chaleur, lorsqu’ils ne sont pas recouverts d’un enduit de plâtre ou de mortier.

L’arbre à plein vent, naturellement plus élevé que celui en espalier, & environné par un courant d’air continuel, reçoit moins de chaleur ; mais comme il végète sans contrainte & d’après la loi qui lui a été assignée par la nature, ses fruits sont plus tardifs, mais ils sont bien plus délicieux. Dans les provinces vraiment méridionales, ou dans tels autres cantons où la chaleur devient à peu près la même pour les arbres au moyen