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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/557

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La plaie sera aussitôt recouverte avec l’onguent de saint-Fiacre, afin qu’elle ne souffre ni du hâle, ni du froid, ni de l’action du soleil.

Peu de personnes observent un certain ordre dans la plantation des espèces de pêchers. On voit un fruit hâtif à côté d’un tardif, un pavie près d’une pêche fondante. Ne vaudroit-il pas mieux placer ensemble chaque pied d’une même espèce, & commencer la plantation par les espèces précoces, & ainsi de suite jusqu’aux plus tardives pour lesquelles on conserveroit les expositions les plus chaudes. On auroit, par ce moyen, un espalier qui ne se dégarniroit pas de fruit de place en place, & il ne faudroit pas courir souvent aux deux extrémités, pour cueillir des fruits mûrs à la même époque.

On n’observe point encore que le pêcher ne prospère pas lorsqu’il est appuyé contre les murs de terrasse ou de moutonnement de terre. Ils conservent toujours une certaine humidité qui empêche l’aoûtement des fruits. De pareils arbres ont toujours leurs feuilles de couleur pâle qui annonce leur état de langueur.


CHAPITRE VI.

De la taille & de la conduite du pêcher.


Pour bien connoître cet objet, pour en saisir exactement toute l’étendue, enfin pour se rendre compte des causes qui font qu’un pêcher dure plus long-temps & porte plus de fruit en suivant une méthode, plutôt qu’une autre, il faut comparer ces méthodes entre elles ; elles se réduisent à deux principales, à celle de M. de la Quintynie, plus ou moins modifiée par ses sectateurs, & à celle de M. l’abbé de Schabol, ou de Montreuil, également modifiée dans un ouvrage intitulé : Essai sur la taille des arbres fruitiers, publié par une société d’amateurs. Ce rapprochement des diverses méthodes instruira mieux que les digressions qu’on pourroit faire, & en jetant un simple coup-d’œil sur la gravure, on distinguera sans peine leur mérite ou leur défaut.


Section Première.

Méthode de M. de la Quintinye.

Cet auteur ne paroît mettre aucune différence entre la taille du pêcher & celle des autres arbres soumis à l’espalier ; les loix qu’il établit sont générales pour tous.

Le bon sens dicte que le premier soin est de se procurer deux bons bourgeons qui deviendront, par la suite, les mères-branches ; il en sera de même dans le cas où l’on en réserve quatre ou six, suivant les différentes méthodes, pourvu qu’elles soient fortes &c proportionnées entre elles. La distinction des méthodes porte & sur la quantité des premières branches à laisser, & sur leur direction.

La direction consiste ou dans la ligne perpendiculaire ou presque perpendiculaire ; ou dans la ligne oblique, ou enfin dans l’horizontale.

Les figures 1, 2, 3 de la Planche XVIII donnent la filiation des branches d’après la méthode de M. de la Quintinye. La fig. I représente l’arbre planté l’année d’auparavant, qui a poussé deux bons bourgeons, d’où sortiront, l’année d’après, quatre bourgeons qui deviendront, à leur tour,