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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/559

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tage : alors chaque branche devenue mère, est taillée comme formant un arbre séparé ; elle donne beaucoup de fruits pendant un temps ; mais elle est sans cesse dévorée par les gourmands du sommet, & elle périt bientôt.

Le défaut essentiel de la méthode de M. de la Quintinye, est de conserver la perpendicularité aux branches des arbres en espalier, par conséquent d’attirer tous les efforts de la sève vers le haut, & de ruiner le bas, sur-tout pour le pêcher où il ne reste plus que du bois sans verdure. M. de Schabol, ou son excellent continuateur, vont détailler la méthode de Montreuil.


Section II.

De la méthode de Montreuil.

» Elle se réduit, c’est l’auteur qui parle, à trois points principaux ; 1°. À couper aux pêchers & aux autres arbres le canal direct de la sève par lequel elle se porte perpendiculairement vers le haut, pour les obliger, par cette suppression, à ne pousser les branches que sur le côté ; on doit cependant lui laisser des branches directes montant verticalement, afin de garnir le milieu, & qu’elles ne soient pas perpendiculaires en partant de la tige & du tronc, mais perpendiculaires sur obliques. 2°. À ne jamais arrêter par le bout, ne jamais pincer, rogner, casser par le milieu, aucune branche, sur-tout du pêcher, mais à les laisser pousser dans toute leur longueur & à les palisser. 3°. À fonder sur les gourmands toute l’économie & la disposition du pêcher, à les palisser avec tous leurs bourgeons, pourvu qu’ils puissent trouver place sans confusion, sans quoi il faudroit les supprimer : il faut asseoir sur ces gourmands la taille actuelle, autant que l’arbre peut l’exiger ; leur donner une charge proportionnée à leur vigueur, en les alongeant le plus qu’il est possible. On verra les raisons de ces pratiques fondées sur l’usage & le succès de Montreuil.

J’établis présentement trois classes de branches. (Consultez ce mot) 1°. Des branches-mires. Il doit n’y en avoir que deux dans chaque pêcher, l’une à droite, l’autre à gauche, (voyez Fig. I, Pl. XVI, page 460, Tom. II,) en sorte qu’il représente un V un peu plus déversé que de coutume. 1°. Des membres ou branches montantes (Figure 2 de la même Planche) & descendantes Figure 3, qui croissent sur les deux branches mères, communément à un pied de distance las unes des autres. Les branches montantes garnissent le dedans & les descendantes, le dehors. 3°. Des branches appelées crochets, qui sont à bois & à fruits pour l’année, & qui en fournissent d’autres pour les années suivantes. L’habileté du jardinier consiste à les ménager tellement, que l’arbre en soit toujours pourvu.

Pour avoir une idée de cette méthode, il suffit de comparer un pêcher conduit suivant la routine ordinaire, avec un autre traité de la façon qui va être expliquée. Le premier forme un éventail tel qu’il est représenté Fig. 5. Pl. XVIII. A, est la souche d’un pied de diamètre ; B, est une excoriation occasionnée par un flux de gomme ; C, branche verticale & perpendiculaire ; D, cicatrice d’une branche viciée qu’on a été obligé de couper ;