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toutes parts, il faut, en même-temps qu’on le charge d’un grand nombre de branches, lui faire prendre l’essor en l’élongeant beaucoup, proportionnellement à sa vigueur.

4°. Tailler long les branches à bois & les gourmands, & sobrement les branches à fruit.

5°. Rapprocher toujours & renouveler les branches du pêcher, le concentrer, pour ainsi dire, en tirant sur les branches du bas préférablement à celles du haut.

6°. Quand un arbre a, durant ses premières années, jeté son feu, & qu’il pousse plus sagement, le tenir un peu plus court & ne lui pas donner tant d’essor.

7*. Recourir alors aux engrais, aux changemens de terre, sur-tout pour le pêcher.

8°. Lors de l’ébourgeonnement & du palissage éclaircir, élaguer, tirant toujours du plein au vide, du plus fourni à ce qui l’est moins.

9°. Le pêcher étant sujet à la mortalité de ses branches, veiller à ce qu’il y en ait de réserve auxquelles on puisse recourir pour remplacer celles qui sont mortes, & qu’on puisse attirer sans rien dégarnir.

10°. Dans le cas de remplacement des branches mortes, si dans le voisinage il n’y a que des branches à fruit, faire d’une branche à fruit une branche à bois.

Il est question de remplir un vide & je n’ai que des branches fructueuses. Si je les taille à la longueur ordinaire, c’est-à-dire à fruit, elles me donneront bien moins de bois. En les taillant à un ou deux yeux seulement, je suis assuré d’avoir de non bois pour garnir, parce que l’année suivante j’alonge les branches venues des yeux de celle que je taille ainsi court, & je les mets à bois & à fruit tout ensemble. Les jardiniers, au contraire, alongent ces mêmes branches pour garnir ; & au lieu d’avoir de bons bois, il n’ont que des pousses chétives qui meurent ou qui ne garnissent point. Venons à notre sujet.

1°. La diette & l’abstinence. Je remarquai un jour dans la cour d’un vigneron, un mûrier qui d’un côté, faisoit briller une riante verdure, ses feuilles étoient plus grandes qu’à l’ordinaire, & ses fruits abondans contrastoient avec ceux de l’autre côté qui étoit étique & n’avoit que des feuilles chétives & des fruits aussi rares que mesquins. En fouillant une première racine depuis le pied de l’arbre, je rencontrai une fosse à fumier qui étoit comblée & couverte de gazon qui avoit crû par dessus. À travers les terres de cette fosse j’aperçus une multitude innombrable de petites racines & de chevelus qui pompoient la terre où les parties spiritueuses du fumier, avoient pénétré. De l’autre côté, ce n’étoit que gravois, que cailloutage, ronces, épines sur lasuperficie de la terre, & tuf dans le fond. De là je tirai beaucoup de conséquences utiles dans la pratique, telles que celles de faire jeûner les arbres en pareil cas, & de bien nourrir le côté maigre.

Je suppose un arbre plein d’un côté & dégarni de l’autre : je commence par charger amplement le premier ; & afin que le second puisse fournir au peu que je lui laisse, je le décharge & le tiens fort court. Il s’agit ensuite de couper les vivres au côté plein, pour qu’il ne fasse que s’entretenir dans son embonpoint, & de la faire porter