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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/614

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âge, son tempérament, l’état de son pouls, celui de sa respiration, & la constitution de l’air. C’est d’après ces principes que Sydenham se conduisoit dans les maladies épidémiques. Dans les épidémies avec indice de dissolution du sang & des humeurs, la saignée seroit nuisible.

On voit des péripneumonies catarrales qui se dissipent en peu de jours, si on saigne suffisamment, ou qui se changent en péripneumonie inflammatoire, si on n’a pas recours à ce moyen ; d’autres, au contraire, où la saignée, bien loin d’être utile, produit, des maux funestes.

Tissot fit saigner un homme qui crachoit peu, mais dont les crachats étoient mêlés de beaucoup de sang, avec des symptômes de péripneumonie dangereuse, & réussit très-bien. Il ajoute que si la fièvre dure, que si le malade crache peu ou point du tout, il faut le saigner, fût-il au dixième jour de sa maladie. Cette méthode, quoiqu’elle ait eu du succès, est néanmoins suspecte, & peut être même très-nuisible en empêchant la coction qu’on voudroit favoriser. Prosper Martian veut qu’on s’abstienne de cette évacuation, non-seulement quand il y a des signes de coction, mais encore quand les crachats ont souffert une transmutation manifeste quelconque. Il observe fort bien que la coction entière des crachats, annonce que la fluxion inflammatoire est venue à son état, qu’on dérangeroit les mouvemens de la nature, qu’on agiteroit les humeurs, qu’on renouvelleroit la fluxion & que les crachats seroient supprimés.

L’expectoration est l’excrétion la plus ordinaire & celle que la nature, affecte le plus généralement. Il ne faut pourtant pas trop vouloir la forcer lorsque la nature ne veut pas s’y soumettre. Et quoiqu’elle soit en général très-avantageuse, elle n’est pas toujours critique. Piquer a fort bien observé qu’elle est quelquefois symptomatique ou colliquative, alors sans doute on pourra l’arrêter sans danger. On doit au contraire la soutenir, & se donner bien de garde de l’intercepter par la saignée & autres remèdes, si elle a un caractère vraiment critique. Et j’ose avancer que si on s’abstenoit plus rigoureusement de la saignée, lorsque les crachats sont bien mûrs, on ne verroit pas autant de malades périr hydropiques, ou de phthysie, ou de suffocation. Morgagni se plaint très-vivement de l’abus des saignées, qu’il regarde comme les causes les plus fréquentes de la suppression de l’expectoration, on ne peut pas désavouer qu’elles sont quelquefois rétablie dans des péripneumonies très-avancées.

La saignée est le meilleur moyen qu’on puisse employer pour rappeler l’expectoration, sur-tout lorsque sa suppression a été subite, qu’il y a râle & foiblesse : il est même utile de la réitérer pour obvier aux exacerbations du mode inflammatoire. Quelquefois elle est la seule & unique ressource.

Les boissons tièdes, nitrées, béchiques & pectorales, sont d’une utilité singulière dans cette maladie. Le nitre donné à grande dose, convient mieux que les acides, à cause de L’augmentation de la toux que ceux-ci peuvent exciter. L’oximel scillitique & le kermès minéral, sont les deux expectorons les plus appropries. Il est plus prudent de réserver l’oximel ainsi que bien d’autres puissans in-