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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/62

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feuille mouillée leur est nuisible, & quelle peine on a pour l’étendre, pour la remuer dans la crainte qu’elle ne s’échauffe, enfin pour la faire sécher. On a proposé un expédient qui n’est pas à négliger & très-facile, si on a un certain nombre de mûriers nains. Il consiste à se procurer des toiles d’une certaine étendue, par exemple, des toiles semblables à celles que l’on étend sur le sol lorsque l’on abat les olives. Au moyen de plusieurs piquets & des cordes nécessaires, on en fait des tentes que l’on place sur un certain nombre de mûriers. Lorsque ceux-ci sont cueillis, on dresse la tente sur d’autres, & ainsi successivement pendant les jours que la pluie tombe. Il y a certainement moins d’embarras à élever & changer ces tentes, qu’à sécher la feuille ; & on a beau la sécher avec le plus grand soin, elle reste toujours de qualité inférieure pour la nourriture du ver.

Dans l’ouvrage intitulé le Gentilhomme cultivateur, le fait suivant est Consigné. « On pratique chez les Chinois, une méthode particulière. Ils font, avant l’hiver, provision de nourriture pour les vers qui éclosent avant que les mûriers soient en feuilles. Ils cueillent en automne les feuilles avant qu’elles commencent à jaunir. Ils les font sécher au soleil, les réduisent presqu’en poudre, & les conservent dans des pots de terre bien bouchés, dont on ne laisse approcher aucune fumée. C’est avec cette poudre qu’ils nourrissent les vers éclos, avant la pousse des feuilles. On doit sentir combien cette attention peut devenir avantageuse dans les années Où les feuilles ne sont point abondantes. » Comme je n’ai pas répété ce procédé, je le donne tel qu’il est rapporté. L’expérience en est facile & peu coûteuse ; ainsi chaque particulier peut se convaincre de la confiance qu’il mérite.

CHAPITRE X.

De l’émondage.

Émonder n’est pas tailler ; mais c’est après la cueillette supprimer tous les bois morts, les chicots, les ergots, le bout des branches cassées, réparer les déchirures, & tout au plus enlever quelques petites branches chiffonnes qui nuiroient à l’accroissement des bourgeons, ou qui leur feroient prendre une mauvaise direction. C’est encore le cas (pour le mûrier seulement) de supprimer les gourmands inutiles, ou de leur donner une direction qui tende à former la tête de l’arbre. Cette opération doit avoir lieu aussitôt après la récolte des feuilles, & la taille après leur chûte naturelle, enfin lorsque l’arbre n’est plus en séve.

On ne fait pas assez attention aux onglets, aux bouts de branches, aux chicots, lorsque l’on taille les mûriers, & on peut dire, à la lettre, qu’ils sont taillés à la serpe. Rarement la plaie est rasée près du tronc, près de la branche, & la partie excédente, raboteuse, chargée d’esquilles, ne peut être recouverte par l’écorce ; le bois pourrit, la pourriture gagne l’intérieur de la branche du tronc, &c. ; le tout a tenu dans le commencement à un chicot (voyez ce mot). C’est le cas, pendant l’émondage, de réparer les défauts ou négligence de la taille.

Quoique, à proprement parler, on ne doive pas tailler en émondant,