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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/632

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secours proportionnés à sa violence. Néanmoins on doit arrêter le sang dès qu’on s’aperçoit que le malade ne respire plus librement, sauf à réitérer la saignée, si l’augmentation des symptômes l’exige.

L’effet de la saignée est de modérer la trop grande impétuosité de la circulation du sang, de diminuer la masse du liquide qui doit traverser le poumon, & de dépouiller les humeurs de leur partie la plus grossière ; de là, la nécessité de pratiquer de très-grandes ouvertures en saignant ; & enfin en désemplissant les vaisseaux, les délayans qu’on veut y conduire sous la forme de bains, de lavemens, de breuvages, &c. peuvent y pénétrer plus facilement. L’application des vésicatoires sur les parties latérales du thorax, celle des ventouses sèches ou avec scarifications, peuvent procurer quelques soulagement au poumon, en attirant sur les parties où ces remèdes locaux sont appliqués, les humeurs qui sans cela se porteroient à la partie malade. D’ailleurs on doit faire usage, dans cette circonstance, des mêmes remèdes qu’on a indiqués pour la cure de la péripneumonie qui se termine par une résolution douce & bénigne, pour modérer l’activité de la fièvre : si elle est trop violente, on pourra ajouter, aux décoctions qu’on a prescrites, les fleurs de pavot rouge ; mais il faut soigneusement éviter les narcotiques, surtout dans la vigueur de la maladie, car de tels remèdes seroient beaucoup plus dangereux qu’utiles, parce que leur usage rendant les animaux moins sensibles à la douleur qui résulte de la difficulté du passage du sang à travers le poumon, ils courroient risque de suffoquer, au lieu que quand ils restent éveillés, l’agitation excessive qu’ils éprouvent, & les efforts qu’ils font pour respirer, les en empêche. Autant qu’il est possible, on ne doit leur faire avaler que peu de breuvages à la fois, afin que la plénitude de leurs estomacs ne rende pas le mal plus considérable, & que l’augmentation de la masse des humeurs à laquelle donneroit lieu une trop grande quantité de boisson administrée tout à coup, n’aggrave point l’état d’engorgement dans lequel le poumon se trouve. Mais il est bon que toutes les décoctions. & les boissons légèrement nourrissantes qu’on leur donne, soient chaudes, parce que la chaleur augmente leur vertu délayant, & en passant par l’œsophage, elles produisent l’effet d’une douce fomentation sur les parties qui environnent ce canal.

Le régime qui convient dans le cas présent, est le même que celui qu’on a indiqué pour la péripneumonie qui se termine par une douce résolution. On peut y ajouter la décoction des racines de scorsonère, de barbe de bouc, de chicorée sauvage, parce que ces plantes ont la propriété de fondre & d’atténuer la viscosité inflammatoire ; il suffit donc de donner aux animaux malades une nourriture légère & délayant, parce que si la maladie peut céder aux différens moyens qui viennent d’être détaillés, elle n’est jamais de longue durée.


Section VII.

De la péripneumonie putride symptomatique.

Cette espèce de péripneumonie est