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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/700

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& même au commencement de ce mois, dans les climats froids, afin que la plante ait le temps de prendre assez de consistance avant les grands froids & qu’elle les supporte bien. Si chacun veut avoir une époque suivant le climat qu’il habite, il n’a qu’à considérer l’époque à laquelle la graine qui s’est semée d’elle-même, germe & lève naturellement. Si on attend après l’hiver à semer, c’est contrarier l’ordre de la nature, & il n’y aura pas une différence de quinze jours au terme de la fleuraison ; par conséquent la végétation de la plante aura été trop précipitée par les chaleurs, & les fleurs seront moins belles, les grappes moins garnies de fleurs, & la graine moins bonne pour semer de nouveau. Liger conseille de semer sur couche pour transplanter ensuite. Il faut donc semer dans des pots, les dépoter au temps nécessaire, & prendre garde que la terre ne se détache de la mère-racine très-peu garnie de chevelus. Après le pavot, je ne connois aucune plante d’agrément aussi difficile à la reprise, & j’ignore même si en elle est susceptible, à moins qu’on ne l’enlève avec toute la terre de sa circonférence, & qu’elle ne s’aperçoive pas qu’elle ait change de place. Il vaut donc beaucoup mieux semer sur place, soit en bordure, soit par compartiment, & semer fort clair, à moins qu’on ne soit sans cesse à supprimer les plants surnuméraires à mesure qu’ils poussent. La graine demande à être peu enterrée & simplement recouverte avec le râteau.

Cette plante si petite pendant les cinq premiers mois, acquiert tout à coup souvent une hauteur de quatre pieds ; ses feuilles s’étendent & occupent un espace de douze à quinze pouces, suivant la nature du sol qui les nourrit ; ainsi ce n’est pas trop de laisser entrer à chaque plante la distance d’un pied. Sarcler arroser, travailler la terre par un petit labour, suivant les besoins, est la seule attention qu’elle demande au jardinier. Les fleurs affectent principalement une de ces quatre couleurs ; la blanche, la couleur de chair, la bleue ou la violette, les autres sont des dégradations de celles-ci. Qu’il est agréable de voir des pyramides de fleurs sur une hauteur de quinze à dix-huit pouces, & chaque fleur avoir presque la largeur d’une pièce de vingt-quatre sols. Mais aussi la plante dégénère si on sème la graine dans un terrain qui lui convienne moins que celui où elle a végété.

Si on veut se procurer une graine bien nourrie, on doit, après que les premières fleurs du bas de la pyramide ont noué, & que la capsule est formée, en supprimer la partie supérieure & ne conserver que cinq à six fleurs : supprimez également les pyramides latérales à mesure qu’elles paroissent.

Il convient d’être attentif au moment où l’on doit cueillir la graine, parce que l’extrémité de la capsule s’ouvre d’elle-même, & la moindre agitation imprimée à la plante, suffit pour faire tomber la graine.

Une borduré faite avec ces plantes, offre un des beaux spectacles des jardins ; les compartimens ont le même mérite.


PIED-DE-CHAT ou PIED-CHATIER. (Voyez Planche XX, page 637) Tournefort le place dans la seconde section de la douzième