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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/731

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server, les troupeaux ne doivent pas entrer dans le champ. Une première & bonne coupe de sainfoin, ne vaut-elle pas mieux que deux de pimprenelle ? Le poids de la première le prouvera ; reste donc en faveur de la pimprenelle le pâturage d’hiver. Dans les provinces du centre & du nord du royaume, où l’on fait plusieurs coupes du sainfoin, l’avantage est tout en faveur de celui-ci. Mais si l’on a des terrains si maigres, & si maigres qu’ils se refusent a la culture de ce dernier, c’est alors le cas de préférer la pimprenelle.

On est obligé dans plusieurs endroits, de laisser chômer la terre pendant plusieurs année, attendu son peu de qualité, & après 4, 5, 6 ou 7 ans, de l’écobuer (consultez ce mot) avant de lui sacrifier la semence du seigle. Ce sont de tels champs que l’on doit sacrifier à la pimprenelle, & leur donner plusieurs bons labours aussitôt après la levée de la récolte, ou au mois de septembre, ou au mois d’octobre, suivant le climat. Alors cette plante enrichira le sol qui la nourrit ; (consultez le mot Amendement) & après la seconde ou la troisième année, on sème de nouveau du seigle, dont le produit sera supérieur à ceux des récoltes précédentes en grain, parce que la pimprenelle aura par ses débris formé plus d’humus ou terre végétale que l’herbe courte, sèche & rare dont elle aura pris la place ; enfin, on aura sur ce lieu, auparavant presque sec & aride, un pâturage pour toutes les saisons, les époques de la glace & de la neige exceptées.

Si dans les possessions on a des rochers un peu terreux, des terrains caillouteux, uniquement destines aux pâturages, il convient de remuer la terre par-tout où on le pourra, & d’y semer la pimprenelle. De quelle ressource ne seroit-elle pas dans les provinces où les friches sont immenses, & ne sont couvertes que de chétives bruyères ? à moins que le sol ne soit humide & marécageux, c’est le cas de le sacrifier à la pimprenelle. Plus le terrain est maigre, & plus l’on doit semer épais. Il ne s’agit pas ici de songer à des coupes réglées, mais uniquement de procurer aux troupeaux une nourriture saine & bien plus abondante que celle qu’il y auroit trouvé auparavant. Je dis de semer épais, afin que la pimprenelle étouffe les autres plantes, & d’ailleurs, parce qu’en supposant un terrain aussi mauvais, le pied ne peut pas prendre beaucoup de consistance. Avec un pareil secours on peut doubler le nombre des troupeaux de ces cantons. On est fort embarrassé dans les provinces du midi pendant l’été où l’herbe est desséchée & grillée, où les champs sont labourés, où l’entrée des vignes est défendue, où les luzernes sont en végétation, de trouver de quoi les nourrir ; la pimprenelle viendroit à leur secours, puisqu’elle conserve ses feuilles pendant les plus grandes chaleurs. Je réponds de ce fait, je ne prétends pas que ces feuilles seront aussi abondantes, aussi fraîches qu’au printemps & qu’en automne, mais le troupeau y trouvera toujours assez de nourriture si on donne à la plante le temps de repousser, & qu’elle ne soit pas broutée chaque jour. À cet effet on divise par cantons, ces garrigues, ces landes, ces pays à