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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/763

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que celui de 100 autres communautés, & les pinons ne doivent leur célébrité qu’à une fortune plus considérable, & plus encore, à la proximité de la ville de Thiers, ce qui les a mis plus d’une fois dans le cas de recevoir la visite des intendans de cette province & de quelques particuliers de distinction. Tel est le seul point de vue sous lequel on doit considérer cette famille. Certes, je ne veux rien diminuer de son mérite, je lui rends la justice que je lui dois ; mais il seroit injuste de la refuser aux familles qui vivent d’après le même régime.

Il est aux environs de Thiers en Auvergne, une contrée de 11 à 15 lieues de superficie, formant plusieurs paroisses dont les habitans vivent en communauté.

Les titres les plus anciens, & les archives des différentes seigneuries, laissent présumer la formation de ces sociétés dans des temps très reculés ; mais on peut incontestablement, d’après ces titres, en assurer l’existence des le treizième siècle.

Il paroît qu’alors chaque famille habitoit son hameau particulier, duquel elle a tiré son nom, ou au moins auquel elle l’a donné, puisque encore aujourd’hui plusieurs existent dans le lieu même de leur origine, & qu’il n’est pas un seul habitant originaire de la contrée, qui ne porte le nom d’un hameau subsistant ou qui a subsisté.

Ces hameaux, autrefois composés d’un seul feu, sont aujourd’hui encore au même état en partie, quelques-uns par la division vraisemblablement de la première société, sont augmentés d’un, de deux, même de quatre feux, rarement davantage, mais toutes ces diverses familles, formées des parties d’une plus considérable, sont aussi en communauté. De cette coutume générale ne sont exceptés que les pauvres & les journaliers, la plupart étrangers ; quelques-uns, mais en très-petit nombre, dérivant d’une société détruite, & habitant les bâtimens d’un hameau abandonné.

Aux habitations est attachée en propriété une certaine quantité de terres labourables, bois, prés, vignes, &c. ; c’est à cette étendue plus ou moins grande qu’est à son tour attachée l’importance de la société.

C’est donc à raison de la valeur du fonds qu’est composée la maison, communauté ou société, mots synonymes en ce genre, de deux, trois, quatre, même cinq chefs de famille ; tous sont ordinairement mariés, & c’est parmi les enfans de ces divers partis qu’on cherche, autant que cela se peut, à en reproduire la succession par des mariages entr’eux. De cette manière d’être, il n’a pas fallu long-temps pour qu’ils fussent tous parens à des degrés prohibés par les loix canoniques ; mais jusqu’à présent les évêques ont fait peu de difficulté pour accorder des dispenses, sentant la nécessité de protéger ces établissemens. Aussi voit-on fréquemment des mariages au troisième degré, & par fois, quelques-uns du deuxième au troisième.

Le nombre des chefs destinés à la génération suivante, une fois établi, alors tout le reste est renvoyé de la maison, soit pour vivre à la fantaisie, soit pour aller s’établir dans une autre communauté, ; ils ne dédaignent pas d’y être admis