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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/770

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coup mieux de doubler & de tripler la dose du miel ; on doit encore ajouter du tartre ou de la crème de tartre, parce que cette dernière substance aide singulièrement la fermentation & facilite la formation du spiritueux ; une once ou deux de crème de tartre suffisent pour cent bouteilles, mais il faut auparavant faire dissoudre le tartre dans l’eau chaude, mêler le tout avec le miel & l’ajouter à la piquette lorsqu’on la retire de la cuve.

Il est certain que si cette addition étoit faite pendant la fermentation de l’eau & du marc dans la cuve, cette fermentation seroit plus complette & les principes mieux combinés ; mais ce marc retiendroit un peu trop des principes qu’on a ajoutés. Cependant on peut essayer l’une & l’autre méthode & on s’en trouvera très-bien.

Qu’on ne dise pas que c’est mixtionner une boisson, qu’elle sera malsaine. Le tartre est le sel naturel du vin ; les qualités douces & salutaires du miel sont connues de tout le monde ; ainsi nul danger, nul inconvénient à craindre, j’en reponds d’après une expérience suivie pendant un grand nombre d’années.

Propriétaires, souvenez-vous que vos valets sont des hommes, qu’ils supportent pour vous le poids du jour ; ils sont déjà assez malheureux, d’être forcés de travailler pour vivre avec un salaire qui n’est jamais proportionné à leurs peines ; souvenez-vous que la piquette sera leur unique boisson pendant toute l’année, & que l’homme qui n’est pas sustenté, travaille mal ; ne pressez donc pas si rigoureusement votre vendange, abandonnez-lui au moins le produit de la dernière taille, ou bien recourez à la méthode que j’ai indiquée ; la dépense est si modique, qu’il faut n’avoir point d’ame pour s’y refuser.

On désigne encore, sous le nom de piquette, une boisson préparée avec le fruit du prunelier sauvage, ou avec celui du sorbier. Cette boisson ressource du malheureux cultivateur, est le résultat de la combinaison de l’eau avec le fruit, & le tout éprouve une espèce de fermentation. À mesure qu’on tire une certaine quantité de la liqueur contenue avec le fruit dans la barrique, on en ajoute de nouvelle. Sans cette précaution, la moisissure s’en empareroit. La nécessité force à recourir à cette boisson dont l’usage, long temps continué, n’est pas sain, & duquel il résulte souvent des obstructions.

C’est par allusion à ces compositions qu’on dit d’un vin acerbe, petit & peu généreux, qu’il sent la piquette.


PIQÛRE, Médecine rurale. Solution de continuité faite dans une partie molle, par un instrument piquant. Il n’est aucune partie du corps qui en soit à l’abri ; en général, quand les piqûres n’intéressent nullement les parties nerveuses ou tendineuses, elles ne tirent pas à conséquence & le mal qu’elles procurent est léger ; il n’en est pas de même, lorsqu’elles ont exercé leur action sur des parties douées d’une grande sensibilité ; elles occasionnent les symptômes les plus graves, tels qu’une douleur aiguë, l’inflammation de la partie offensée, souvent même cette inflammation s’étend sur les parties voisines, & excite à son tour