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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/789

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Cette différence de prix provient de la plus grande élévation que l’on donne aux murs des maisons, de l’arrangement & du port des pierres de taille.

L’enduit sur chaque face, se paye dix sous la toise pour la façon, & quinze à vingt sous pour la fourniture, en tout vingt-cinq à trente sous.


Conclusion.

Une maison construite d’après les principes que nous venons d’établir, durera autant qu’une autre construite en bonne maçonnerie ; il en est de trente pieds de hauteur au-dessus du soubassement, qui subsistent depuis deux siècles, & sont encore en bon état, sans avoir exigé ni de plus fréquentes, ni de plus importantes réparations que toute autre maçonnerie. En un mot, la construction en pisé est essentiellement durable & du nombre de celles qui nous préservent le mieux des accidens contre lesquels on implore les secours de l’architecture. Une maison bâtie en pisé a le triple avantage d’être promptement terminée & habitable, de coûter moins qu’aucune autre, & de fournir, lors de la démolition, un engrais merveilleux pour certaine terre.


Démolition du pisé.

Pour démolir un mur de terre, on emploie le levier que l’on introduit dans les boulins, on en renverse une banchée, quelquefois même plusieurs ensemble, & pour plus de sûreté & d’aisance, on les arcboutera du côté opposé à leur chute. Cet expédient est plus prompt que le pic & le marteau, qui ne peuvent que difficilement rompre ces murs, tant ils acquièrent de dureté, principalement quand ils ont beaucoup de graviers.


Engrais provenant du pisé.

Ces décombres ne peuvent servir à faire de nouveaux murs, sa terre en est devenue trop friable, mais ils ne sont pas à charge comme nous l’avons dit ; ils dédommagent avantageusement des frais de leur démolition & de leur transport, étant un engrais excellent pour les terres à blé, pour la vigne, &c. ; ils tirent vraisemblablement cette qualité des sels cristallisés, & du nitre dont l’air les a chargés à la longue.

L’expérience a prouvé qu’on retiroit un plus grand avantage du pisé comme engrais, lorsqu’on a eu la précaution de l’enterrer dans un lieu très-humide pendant quelques mois.


Moyen de rendre toute terre propre à faire du pisé.

Nous avons dit que la terre argileuse & la sablonneuse n’étoient point propres à former le pisé, cependant on peut leur communiquer cette propriété, en les mêlant ensemble ; j’ai employé de la terre très-sablonneuse, après l’avoir arrosée avec un lait de chaux ; ce mélangea produit un très-bon pisé, mais un peu coûteux ; j’en ai fait avec la même terre arrosée avec de l’eau, dans laquelle j’avois fait dissoudre de la terre argileuse, ce qui a fait un excellent pisé, moins dispendieux que le premier, mais toujours plus que le pisé ordinaire.

Enfin, il n’est point de terre qui, mêlée à propos avec du sable ou de