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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/81

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nectaire en forme de cloche, trois fois plus court que les pétales, divisé en trois, & échancré ; les pétales sont blancs ; son odeur est forte. Il rapproche beaucoup du narcisse tazette pour la forme. Cette espèce a fourni un très-grand nombre de variétés.

On cultive les narcisses comme la jonquille. (Voyez ce mot) Ils sont les premiers à donner leurs fleurs au printemps. Je ne sais trop pourquoi la plus grande partie des jardiniers lèvent les oignons de terre quand la plante a fleuri, & après que ses feuilles sont desséchées. Cependant je vois dans la province que j’habite, le narcisse des poètes, le faux narcisse, la jonquille, & la tazette, croître naturellement, sans soins, sans culture, réussir parfaitement, & la tazette infecter nos prairies ; leurs oignons se perpétuent par les cayeux, & au printemps leurs feuilles forment de larges touffes. Il me paroît qu’il en seroit de même des autres espèces qui ne sont pas mieux soignées dans leur pays natal, que les quatre dont on vient de parler le sont dans notre province.

Les oignons de tous les narcisses végètent & produisent des fleurs lorsqu’on les place au sommet des caraffes remplies d’eau, d’où on les retire après que la fleur est passée. Si on met aussitôt cet oignon en terre, il se conserve, ne fleurit pas l’année d’après, mais il s’y multiplie par ses cayeux. En général on doit replanter les oignons qu’on a tirés de terre, du moment que l’on s’aperçoit qu’ils commencent à pousser leur dard.

Toutes ces espèces de narcisses figurent très-bien dans les pièces de gazons, sur les lisières des bois, des bosquets, & dans les plates-bandes des jardins.


NARCOTIQUE, Médecine Rurale. Médicament qui fait dormir, en produisant dans les nerfs une espèce de stupeur qui émousse le sentiment, ou en occasionnant une ivresse d’un genre particulier, qui empêche les fonctions du principe de vie.

Quoique les narcotiques n’agissent point d’une manière uniforme sur tous les individus, il est néanmoins prouvé, (& c’est même l’observation générale) que quelque temps après qu’on en a pris une certaine dose, on se sent plus lourd & plus pesant qu’auparavant ; les sens ne sont pas aussi tendus, leur action est beaucoup diminuée, l’assoupissement, ou le sommeil, ne tardent pas à survenir ; le pouls devient moins fort & se développe ; il acquiert plus de souplesse, & devient plus mol ; l’excrétion de la salive, celle de l’urine est diminuée, ou pour mieux dire, est supprimée, tandis que la peau devient moite ; le sommeil est plus ou moins long, plus ou moins profond, relativement à l’activité & à la dose du narcotique administré. Revenu de cet état d’assoupissement, les forces n’en sont pas pour cela mieux réparées ; le malade se sent plus fatigué, & sa tête plus lourde & appesantie ; il est comme engourdi, & éprouve à la région de l’estomac une sorte de poids qui le travaille, & enfin un mal-être qui le jette dans l’abattement & la langueur.

L’habitude, qui est une seconde nature, le tempérament particulier