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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/810

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la séve parvient à la faire cicatriser, de la même manière que celui du sang concourt à la cicatrice, dans les plaies de l’homme.

La partie ligneuse, une fois entamée ou pourrie, ne se régénère plus : elle a encore cela de commun avec la chair de l’homme ; sur celui-ci, la peau se régénère sans cesse et recouvre la plaie ; sur celui-là, l’écorce, la seule écorce, a cette propriété.

Si la chair, ou la partie ligneuse, se régénéroit, les chairs nouvellement produites prendroient la place de celles qui ont été détruites ; dès lors, il n’y auroit, après la guérison, aucun enfoncement, aucune cicatrice ; cependant cette cicatrice reste toujours apparente après la guérison, et pendant la vie entière ; il n’y a donc point en de régénération des chairs. C’est la peau, c’est l’écorce qui occupent, par leur extension naturelle, la place de la chair ou du corps ligneux détruits. S’il y a enfoncement, la peau et l’écorce forment un bourrelet et le remplissent. Si dans les chairs voisines de la plaie, il s’est formé des concrétions, des élévations, etc. ; si dans le corps ligneux, il reste des protubérances, la peau et l’écorce, en se roulant dessus, le recouvrent : mais dans et dans l’autre cas, la défiguration intérieure se retrace sur la superficie.

Pour peu qu’on ait l’habitude d’observer, on se convaincra de ces vérités ; il suffit, pour cela, de rendre un tronc d’arbre, jadis chargé de plaies, et actuellement recouvertes par l’écorce, et on verra, en enlevant cette dernière, que la partie ligneuse ne s’est pas reproduite, et que tout ce qui en avait été endommagé est resté détruit ou pourri, sans que la carie intérieure ait fait des progrès : cette carie n’a pu aller en avant qu’autant qu’elle a eu communication avec l’air extérieur ; mais, dès que l’écorce a scellé hermétiquement la plaie, à mesure que l’aubier a reçu des couches nouvelles, à mesure par conséquent que l’arbre a grossi, la carie n’a plus fait de progrès, elle a été circonscrite dans sa place, et elle est devenue pour l’arbre un corps indolent, un corps étranger, etc. ; c’est d’après un semblable mécanisme, que l’on trouve quelquefois, dans l’intérieur du tronc des arbres, ou des pierres, ou quelques parties ligneuses mortes et desséchées ; au contraire, les chancres, et les autres plaies des arbres, vont toujours en croissant, par exemple, les gouttières formées dans le mûrier, dans le noyer, etc. (consultez ces mots) attaquent, vicient, et corrodent l’intérieur de l’arbre, parce que l’endroit où le chancre a pris naissance, est exposé à l’action directe de l’air ; il ronge non seulement l’intérieur du bois, mais encore l’écorce ; de manière que son sommet ressemble à la partie évasée d’un entonnoir. Si une fois la cavité est formée, si ce que l’on appelle un trou, a un certain diamètre, l’écorce ne le recouvre plus, et par ce trou supérieur on voit suinter ou découler une humeur plus ou moins brune.

Il y a deux choses à remarquer ; 1°. je dis que l’écorce ne recouvre plus l’ouverture ; cette proposition est peut-être trop générale, mais, malgré mes recherches les plus exactes, je n’ai jamais rencontré la cicatrice