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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/154

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produite par des chûtes, des coups violens, par de fortes contusions & par des blessures ; elle est quelquefois symptôme de la maladie vénérienne & de beaucoup d’autres maladies ; elle dépend le plus ordinairement de la suppression de transpiration, de la répercussion de quelque éruption cutanée, comme gale, dartre, &c. L’humidité de l’atmosphère, l’épaississement du sang, le séjour dans des lieux humides & marécageux, la cessation des évacuations périodiques ou habituelles, l’usage des alimens salés, épicés & de haut goût, & tout ce qui peut incendier les humeurs ou leur imprimer une certaine âcreté, peut donner naissance à cette maladie.

L’observation journalière nous apprend qu’elle est familière aux habitans des côtes maritimes, à ceux qui avoisinent de gros fleuves & des étangs, & qui s’exposent aux plus grandes intempéries de l’air. Les jeunes gens en sont pour l’ordinaire à l’abri, les vieillards y sont les plus exposés ; pour l’ordinaire elle ne se manifeste que dans un âge avancé.

La sciatique simple est rarement à craindre ; l’invétérée entraine avec elle le plus grand danger, en ce qu’elle affoiblit & exténue ceux qui en sont atteints, raccourcit leurs membres, & les réduit à un état d’atrophie extrême.

Le traitement de la sciatique est subordonné à la cause qui la produit. Le mercure emporte ordinairement celle qui dépend d’un vice vérolique ; les emménagogues & les anthi-hystériques conviennent dans celle qui reconnoît pour cause la suppression des mois & des lochies, ou les vapeurs hystériques ; les sudorifiques sont très-bien appropriés dans la sciatique occasionnée par la suppression de transpiration.

Mais quand elle est entretenue par l’engorgement de l’enveloppe du nerf sciatique, on appliquera un vésicatoire à l’endroit où le nerf est le plus à découvert vers la tête du péroné & à la malléole externe ; c’est ainsi qu’on est venu à bout de résoudre des états presque paralytiques, en pompant les humeurs contenues dans l’enveloppe de ces nerfs. C’est aussi dans ces vues que les anciens employoient les brûlures & sur-tout le moxa, particulièrement lorsque la sciatique étoit déterminée par la métastase d’une humeur purulente produite dans quel qu’autre partie du corps, & jetée sur l’articulation de la cuisse avec l’os de la hanche, afin de prévenir les suites funestes qu’auroit cet abcès, qui entraîneroit à coup sûr ou la carie ou la phthisie. On doit s’y opposer fortement par l’usage du quinquina combiné avec le lait, par celui des tisannes sudorifiques, qui réussissent toujours bien dans le cas d’ulcères sordides ; mais si on doit ouvrir ce dépôt, il faut le faire le plutôt possible, en pratiquant, comme le prescrit M. de Haen, une très-petite ouverture, en pansant très-rarement la plaie, & en la laissant ouverte pendant très-long-temps.

Quand il n’y a point d’abcès & que les douleurs sont vives, que les parties sont rouges & tendues, qu’il y a un degré de chaleur physique & pulsation des artères on doit alors employer les saignées du bras & du pied, insister beaucoup sur les adoucissans & les relâchans, & procurer ensuite un flux de ventre dysentérique par les vomitifs, qui réussissent