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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/162

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retrancher dans des maisons étroites, humides & creusées dans la terre, où l’air extérieur ne pénètre que très-rarement & avec beaucoup de peine, & qui ne peuvent se nourrir que d’alimens grossiers & malsains.

Les jeunes gens & les vieillards sont les plus exposés a cette maladie. Les personnes foibles & valétudinaires, celles qui ont la fibre lâche, sont très-disposées à la contracter ; dans cette classe doivent être comprises les femmes délicates, celles qui donnent dans la lubricité, & qui font bonne & grande chère ; les vaporeuses, celles qui sont sujettes à des pertes utérines & à des hémorragies très-fréquentes.

Le scorbut est une maladie cruelle, dangereuse & difficile à guérir, surtout si elle est invétérée, & si le malade a les hypocondres livides, ou qu’il éprouve de cruelles douleurs au bas ventre. Rembertus Dodonœus a très-bien observé que la mort ne tardoit pas long-temps a survenir à cet état.

Le danger de cette maladie est toujours en raison du nombre & de la gravité des symptômes qui l’accompagnent.

La léucoplegmatie, l’ascite, la tympanite, l’atrophie, la diarrhée ou l’ictère, qui surviennent au scorbut, sont toujours des signes mortels.

La contracture des genoux est quelquefois incurable, tandis que les autres symptômes disparoissent. Le docteur Hyves a vu un matelot anglois dans ce cas Les remèdes qu’il lui prescrivit firent disparoître .les autres symptômes graves, mais il n’a jamais pu parvenir à la guérison de la contraction de la cuisse, & le malade a vécu pendant très-long-temps avec le talon collé sur ses fesses.

Adoucir l’âcreté des humeurs, s’opposer aux progrès que la stagnation du virus favorise, en en procurant l’excrétion, travailler enfin à le détruire par les moyens spécifiques, sont les indications que l’on doit se proposer dans le traitement du scorbut.

1°. On prescrira aux malades un régime adoucissant, & directement opposé à celui qui a pu déterminer le scorbut. Ils feront un usage des tisannes & boissons rafraîchissantes, telles que la limonade, l’orangeade, le petit-lait bien clarifié, & acidulé avec suffisante quantité d’acide vitriolique jusqu’à agréable aigreur.

Celui des herbes potagères combiné avec le lait, le pain frais, la bière nouvelle, les pommes, les oranges, les citrons, la groseille, l’oseille, les tamarins, le cresson, le cochléaria, le mouron, sont encore des remèdes qui manquent rarement de guérir le scorbut, sur-tout dans son commencement.

On doit encore les nourrir avec des légumes, tels que les choux, les raves, les poirées, les betteraves, & quelque peu de viande fraîche.

2°. La saignée est très-bien indiquée lorsque le sujet est jeune & pléthorique, & sur-tout si le scorbut a précédé une suppression des mois ou de flux hémorroïdal ; elle est d’autant plus recommandable, qu’elle donne de la fluidité aux humeurs en diminuant leur volume, & favorise l’excrétion abondante des urines, & la transpiration insensible, qui est si utile dans cette maladie.

Le célèbre Lind ne connoît pas de meilleurs remèdes que les sudo-