Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’hiver & du froment marsais. (Consultez ce mot.) On les distingue encore par la dénomination de grand ou de petit seigle.

Fleur ; l’épi n’est qu’un amas de fleurs, chacune est composée de trois étamines & d’une balle ou enveloppe formée de deux folioles opposées en forme de carène, renfermant deux fleurs ; sous l’enveloppe on trouve deux autres valvules qu’on peut considérer comme une espèce de corolle, l’intérieure est plane & en forme de fer de lance ; l’extérieure, roide, renflée, aiguë, garnie de cils à ses bords extérieurs, terminée par une longue barbe.

Fruit ; dans chaque espèce de corolle, on trouve une semence oblongue, cylindrique, un peu pointue & qui se détache facilement, mais bien moins facilement que dans le froment. Chaque épi, si la saison a été favorable, & si le sol est bon, renferme depuis soixante jusqu’à cent vingt grains.

Feuilles ; plus vertes, plus larges, un peu velues, formant une touffe plus considérable que celles du froment : elles sont également plus couchés sur terre.

Racines, horisontales, fibreuses.

Port ; la hauteur des tiges varie suivant le climat, le sol & la saison. Dans les bons terrains on en voit quelquefois qui ont jusqu’à sept pieds de hauteur ; elles sont plus grêles & moins fortes que celles du froment. Les fleurs naissent au sommet des tiges, disposées en épis plus alongés & plus plats que ceux du froment, très-barbues, accompagnées de deux fleurs florales… Que l’on diminue actuellement, toutes les proportions de grandeur & de largeur de toutes les parties du seigle d’hiver, & on connoitra la variété qui constitue le seigle marsais.

Lieu. On ignore son pays natal ; cultivé dans toute l’Europe ; la plante est annuelle.


CHAPITRE PREMIER.

Du sol propre à la culuture du sigle.

La nature n’a jamais rien produit en vain ; & la providence a fourni cette plante alimenteuse aux habitans des pays froids, élevés, & des pays septentrionaux de l’Europe, où l’on tenteroit en vain la culture du froment. En effet, il y a des climats où le seigle reste dix & onze mois de l’année en terre. On a même vu, dit M. Villars, dans son excellent ouvrage intitulé l’Histoire des plaines du Dauphiné, des champs de seigle recouverts par des gavaches qui n’ayant pas pu fondre la première année, l’ont été dans la seconde, & le seigle a mûri après avoir passe deux années révolues en terre. Ce fait prouve deux choses : la première, que les champs exposés aux gavaches sont nécessairement dans une exposition très-froide, & que le seigle y résiste aux plus grands froids ; la seconde, que l’art peut rendre les plantes biennes & même triennes, si on a le soin de leur empêcher de porter fleur, & sur-tout de grainer. La nature tend sans cesse à la reproduction des individus par la graine : aussitôt que la graine commence à mûrir, la plante annuelle se dessèche parce qu’elle a rempli le vœu de la nature. Actuellement, s’il est bien prouvé que le seigle ne