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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/181

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distingué par une petite tache obscure ; le ventre est tout verd… Cet insecte monte le long de la tige du seigle jusqu’au niveau supérieur, & s’insinue en cet endroit entre la tige & la feuille. C’est-là qu’il mord la plante, & qu’il en tire le suc destiné à nourrir l’épi, qui blanchit & meurt. Il passe d’une tige à l’autre, & fait de grands ravages lorsqu’il est nombreux. Les rayons du soleil & l’air libre l’incommodent. Lorsqu’il n’y a point de seigle verd, il se cache sous la terre, & y meurt faute de nourriture, avant de s’être multiplié. Il est donc utile, dans un champ infecté de cette chenille, de ne pas y semer du seigle, pendant deux années consécutives, afin que les chenilles qui éclosent, meurent de faim & sans postérité. On peut les détruire en arrachant au commencement de l’été les épis blancs qui sont pour l’ordinaire sur les bords du champ.

Sa chrysalide a la forme ordinaire. Elle est petite, verd-pâle au commencement, & ensuite de couleur de feu. Le papillon est de couleur rouge-obscur & cendrée, avec quelques raies cendrées, avec une grande tache rouge, au bord de laquelle on voit une tache jaunâtre, qui a la forme d’un A ; les aîles inférieures sont d’un gris teint de couleur de feu : la pointe a un bord jaune pâle. Il sort du corcelet deux espèces de scies fendues, & le dos porte trois petits bouquets ou flocons ; les jambes ont des crochets, & sont alternativement jaunes & cendrées.


CHAPITRE V.

Des Maladies causées par l’Ergot aux hommes et aux animaux.

À la fin du siècle dernier, & au commencement de celui-ci, il se manifesta dans l’Orléanois, & principalement dans la Sologne & les cantons voisins, une maladie terribles, nommée gangrène sèche ; elle n’étoit précédée ni de fièvre, ni d’inflammation, ni de douleur considérable ; mais les parties gangrenées tomboient d’elles-mêmes, sans qu’il fût besoin de les séparer, ni par le fer, ni par les remèdes, de manière que plusieurs malheureux perdirent, l’un une jambe, une cuisse, & l’autre les deux cuisses, les deux jambes, &c. Cette gangrène commençoit presque toujours par le gros orteil. Les cantons dont on vient de parler ne sont pas les seuls où cette maladie se soit manifestée. L’Allemagne, l’Angleterre, la Suisse, &c. l’ont également éprouvée du plus au moins, à des époques plus rapprochées ; partout ou presque partout, on l’a attribuée à l’usage du seigle ergoté. Les auteurs qui ont écrit, & sur cette gangrène, & sur sa cause, ne sont pas d’accord sur la quantité de grains ergotés, capables de produire un mauvais effet. Il paroît démontré, par plusieurs expériences faites sur les animaux, que les unes leur ont été très-funestes, & par d’autres, qu’ils n’en ont éprouvé aucune suite fâcheuse. La question prise dans sa généralité, reste douteuse. Deux choses sont à examiner : est-ce à l’ergot seul qu’on doit attribuer les funestes effets qu’on lui reproche ? Dans quelles cirons-