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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/188

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pièce de comparaison pour l’autre moitié, que je divise en quatre parties égales. Je suppose qu’il ait fallu un quintal, poids de marc, de froment pour semer la première moitié ; actuellement, sur l’une des autres, je sèmerai 30 livres, sur la seconde 50, sur la troisième 70, & sur la dernière 80. Lors de la récolte, tous les produits seront mis à part, & pesés exactement après la fin du battage : je tiendrai même compte du poids de la paille de chacun. Il sera aisé de voir, après ces expériences, quelle quantité totale de grains aura produit chaque qualité partielle, & on aura pour toujours une règle sûre du nombre de mesures de grains à répandre sur chaque champ. On ne peut pas se tromper, puisque les circonstances sont supposées toutes égales, soit labourage, soit époques des semailles, soit les saisons en général, soit enfin la récolte, le battage, &c. Il peut cependant arriver que les saisons soient si désastreuses, qu’on ne soit pas dans le cas de juger sainement pour les années suivantes ; alors il faut recourir à de nouvelles expériences, puisqu’il s’agit que chaque propriétaire sache à quoi s’en tenir. En supposant l’année passable, je parierois presque, que le poids total du produit des 70 livres de semences seroit le plus fort, parce qu’on sème par-tout trop épais. Il ne faut donc pas calculer par le produit de quelques pieds plus ou moins isolés, mais par celui de l’étendue qu’ils couvrent, avec le produit de la même étendue, couverte d’un plus grand nombre de plantes, raisonnablement multipliées. — Je le répète, c’est à l’expérience à prononcer, & les expériences faites a Lille en Flandres ou près de Paris, ne prouvent rien pour Marseille, Montpellier, &c. Il y a plus ; de paroisses à paroisses limitrophes, elles ne peuvent servir que de simples indices. Chaque champ demande la sienne propre. Tous les extrêmes sont aussi dangereux les uns que les autres, détournent les véritables agriculteurs, & les préviennent contre la pratique de bonnes expériences qu’il leur seroit utile de répéter.

Quant au choix des semences, & la nécessité de les renouveler, consultez ce qui a été dit à l’article Froment.


SEMENCE ou GRAINE. C’est le rudiment d’une nouvelle plante, & elle renferme toute la plante en miniature. En un mot, c’est l’œuf végétal qui fécondé par la poussière des étamines, vivifié par le pistil, & pour ainsi dire, couvé par la chaleur de la terre, doit reproduire une plante semblable à celle qui lui donna naissance. Le plus grand, & même l’unique but de la végétation, est la reproduction des individus par les semences ; c’est au perfectionnement de ce point central que tendent toutes les purifications que la séve reçoit, & c’est à la quintessence de la séve que la graine doit sa formation. L’art que la nature emploie pour la former, est égal à celui dont elle se sert pour la conserver. Considérons en effet une châtaigne, une amande, &c. ; un brou piquant dans la première, lisse & charnu dans la seconde, sert de couverture ; l’une a une écorce coriace, & l’autre a un bois très-dur, jusqu’à ce que ces enveloppes aient acquis une consistance