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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/192

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depuis 1750 jusqu’en 1765 & 1770 la manie des semoirs régnoit en Angleterre, comme en France ; jusqu’aux pois, aux fèves, &c. tout avoit son semoir. On y distingue ceux de M. Ellis, du docteur Huntel, de M. Rundall, &c. Peu-à-peu, dans cette isle & sur le continent, la seminomanie passa de mode. Aujourd’hui tous les semoirs sont relégués sous le hangar, & on ne s’en sert plus. Cultivateurs, méfiez-vous de ces brillantes nouveautés que l’on vous présente ; de ces promesses spécieuses en apparence. Laissez aux curieux l’avantage d’en faire les premiers essais ; & lorsqu’une longue suite d’expériences & d’années aura prouvé que la recette excède honnêtement la dépense, quand même elle multiplieroit le travail, c’est alors le cas d’adopter ces heureuses innovations. Ce n’est qu’à force de soins assidus, de peines redoublées, que l’homme, dans nos climats, force la terre à être féconde. Voilà l’idée d’où vous devez partir, & la seule raisonnable. Les belles promesses allèchent, mais le résultat est cuisant.

Malgré ce que je viens de dire, il peut encore se trouver des lecteurs curieux de connoître ces semoirs qui ont fait tant de bruit ; pour les satisfaire, je vais donner la description de celui inventé par M. Lullen de Châteauvieux, parce qu’il est un des plus parfaits. — Elle est extraite du troisième volume de l’ouvrage publié en 1754 par M. Duhamel, dans son ouvrage intitulé : Culture des terres. (Voyez Planche V.)

A fig. I. est une caisse de bois ou trémie, dont le fond est à la hauteur de la ligne F, G. Cette trémie a quatre pieds, dont on voit deux en k & l. Les quatre pieds, qu’on peut nommer tenons, entrent dans quatre mortoises qui sont à la table H, L. Le fond F, G de cette trémie s’applique immédiatement sur la boîte à semence qui est de laiton B, située entre le fond de la caisse & ses deux côtés, qui portent ses quatre pieds, & la table H, L, dont on voit la face antérieure en B… La trémie communique les grains dans la boîte à semence par un trou qu’il y a au milieu du fond de la trémie. La boîte B contient un cylindre de laiton qui la traverse & qui est enfilé & fixé à un axe de fer M, P, aux deux bouts duquel sont solidement arrêtées deux poulies Q & P. Les pivots de cet axe sont soutenus par deux poupées dont on en voit une en M, H, & une partie du pied de l’autre en L. Ces deux poupées sont fixées au bout de la table par deux clefs, comme le sont celles des tours à tourner.

La table qui soutient les pièces ci-dessus est elle-même soutenue & attachée par ses deux bouts sur deux pièces de bois que nous appelons jumelles T, V, R, S. Ces deux jumelles sont liées parallèlement entre elles par une traverse X, Z. Au milieu U de cette traverse est chevillé le bout d’une autre pièce de bois, qui de là passe sous la table parallèlement aux deux jumelles, & à laquelle cette table est encore attachée par deux vis.

Il y a trois socs D, K, e, parfaitement semblables entre eux, dont les deux K & D sont attachés par un tenon & une clavette aux deux jumelles, en I & P ; la troisième est attachée de la même manière, vers U, à cette pièce, qui est parallèle aux jumelles. Ces trois socs sont revêtus