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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/205

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être élevé de trois pieds au moins au-dessus du terroir, s’il est humide. Cette élévation n’est pas nécessaire si le sol est sec ; mais elle seroit avantageuse pour la construction des fourneaux & des tuyaux de chaleur, comme on le verra dans la suite : d’ailleurs le froid & l’humidité étant plus grands à la superficie de la terre, la serre en reçoit d’autant moins qu’elle est plus élevée au-dessus.

II. Exposition. L’exposition directe au midi est généralement réputée des meilleures ; cependant plusieurs cultivateurs lui préfèrent une exposition déclinant au couchant, quoiqu’un peu humide, & rejettent l’exposition au levant, ou même déclinant du midi au levant, parce que le vent de l’est étant le plus fréquent pendant l’hiver, il donne plus de froid a la serre, que les rayons du soleil ne peuvent lui procurer de chaleur jusqu’à neuf heures du matin en hiver, & jusqu’à six au printemps ; au lieu que les derniers rayons du soleil couchant répandent encore quelque chaleur dans l’air qu’il a échauffe pendant le jour[1]. Ainsi ils ferment leurs serres d’un bon mur au nord & à l’est. Quelques autres construisent avantageusement leurs serres en deux aîles d’équerre dont chacune a un côté vitré au midi, & un au couchant ; les côtés du nord & de l’est sont défendus par un mur.

III. Plan horisontal. Le plan horizontal d’une serre chaude est ordinairement un parallélograme rectangle fort alongé. Un trapèze dont les côtes du sud & du nord seroient parallèles, & dont les deux autres côtés vers l’est & vers l’ouest seroient à peu-près dans la direction de huit heures du matin, & de quatre heures du soir, ou seroient un angle ouvert de cinquante-un degrés avec le mur du nord, & par conséquent un aigu de trente-six degrés avec la face vitrée au sud, peut être préféré au parallélogramme ; parce que trois de ses côtés

    Cette province forme un cap très-prolongé dans la mer, & semble même faire un climat à part, soit par la position, soit par la chaîne des montagnes qui la traverse. £n effet, on trouve dans la partie méridionale de la Bretagne, un grand nombre de plantes indigènes aux provinces de Languedoc & de Provence. L’arbousier en est la preuve. &c.

  1. Ce que dit l’auteur est très-vrai pour Paris & pour les provinces orientales de France, parce que le vent d’est venant des Alpes, & s’y saturant de froid, le voiture avec lui. Il n’en est pas ainsi dans beaucoup d’autres provinces où le vent du nord ou de l’ouest est le plus glacial. Cette différence dans l’influence des vents confirme ce qui a été dit dans la note précédente. Il faut donc étudier le climat que l’on habite, en connoître les effets des vents d’après leur influence habituelle, avant de prendre aucun parti sur la manière d’orienter les serres. L’expérience a démontré que dans plusieurs provinces, la serre qui commence à recevoir les premiers rayons du soleil vers les neuf heures du matin, est préférable à toute autre. On ne doit pas uniquement considérer une serre relativement au degré de chaleur qu’elle reçoit du soleil ; c’est un point important, il est vrai, mais il n’est pas unique. Celui de la lumière l’est pour le moins autant. Sans elle toute végétation languit, quoique la chaleur ne manque pas. C’est la lumière qui colore les plantes, & les plantes peu coloriées sont d’une foible complexion.