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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/235

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étroite, aussi est-elle d’autant plus facile à être pénétrée par la gelée.

Si au bas du vitrage on construit un châssis, dans lequel on ne veuille faire la couche que du fumier, au lieu de fermer d’un mur le devant de ce châssis, on peut y faire de petits pilliers de bois, de pierre de taille ou de maçonnerie, distans de cinq ou six pieds l’un de l’autre, & mettre en dedans quelques planches minces au-dessus du fumier, pour retenir le terrain. Par ce moyen, on appliquera des réchauds contre la couche (consultez ce mot) lorsqu’ils seront nécessaires.

Du reste, cette serre ne se trouve point chez l’amateur modéré dans sa passion pour les plantes étrangères. Il place les plantes de la zone torride dans la tannée & dans la partie la plus chaude de sa serre, & les autres dans la partie la moins chaude, ou bien il divise sa serre par une cloison vitrée en deux parties, échauffées par les mêmes fourneaux, dont l’un a une tannée & l’autre n’en a point.

Les triples serres, communiquant l’une avec l’autre, dans lesquelles l’admiration est suspendue entre la grandeur & la décoration du bâtiment & les nombreuses collections de plantes de tous les climats, depuis la ligne jusqu’au quarante-troisième degré de latitude, ne conviennent qu’aux princes & aux amateurs opulens.


De la rentrée des Plantes.

L’objet des serres chaudes étant de suppléer par une chaleur artificielle, au défaut de chaleur naturelle de notre atmosphère, & de préserver de ses intempéries les plantes des pays plus chauds, on doit y transporter les plantes aussi-tôt qu’elles ne trouvent plus dans notre climat, pendant les nuits, un degré de chaleur ou de température égal à celui dont elles jouissent dans le leur pendant les nuits les moins chaudes. Les laisser en plein air au-de la de ce terme, pour les accoutumer & les endurcir au froid ; c’est, par un traitement absurde, prétendre les fortifier en altérant leurs forces, & les rendre saines & vigoureuses par la longueur & l’informité.

Nos serres chaudes renferment les plantes, 1°. de la zone torride ou des climats compris entre les deux tropiques. De ces plantes, les unes ne peuvent supporter le plein air de notre climat, pendant les nuits même les plus chaudes de nos étés ordinaires, (climat de Paris) : on les tient constamment dans la serre. Les autres moins délicates peuvent respirer le grand air, & recevoir les rosées dans une exposition chaude & bien abritée, pendant environ deux mois & demi, jusqu’au temps où le thermomètre ne monte plus pendant la nuit qu’à quinze degrés au-dessus de zéro, c’est-à-dire, au plus bas degré de chaleur de leur patrie ; ce qui arrive, année commune, dans le climat de Paris, au commencement de septembre : on pourroit différer jusqu’aux nuits de treize degrés, qui ne sont pas nuisibles à ces plantes. Mais, sous un ciel aussi inconstant que le nôtre, dont la température varie quelquefois de plusieurs degrés dans un très-court espace de temps, il est plus prudent de prévenir que d’attendre le terme extrême. Quelques jours de