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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/28

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meurs phlegmoneuses. La teinture de safran ranime puissamment les forces vitales ; quelquefois elle rappelle le flux menstruel suspendu par l’impression des corps froids.

On prescrit les stigmates séchés & pulvérisés, depuis dix grains jusqu’à une dragme, incorporés avec un sirop… Stigmates secs, depuis cinq grains jusqu’à deux dragmes, en macération au bain marie dans cinq onces d’eau. On donne la teinture de safran depuis demi-dragme jusqu’à deux onces dans trois onces de véhicule aqueux. Cette teinture n’est autre chose que quatre onces de stigmates mis à infuser dans une livre d’esprit de vin, le tout tenu pendant quinze jours à la chaleur de l’étuve ou au soleil, dans une bouteille bien bouchée. Après cette époque on tire à clair, & on obtient la teinture de safran.

L’odeur du safran affecte plus particulièrement certaines personnes que d’autres, & leur procure un sommeil suivi de défaillances. Les cueilleuses en sont souvent attaquées, & les éplucheuses sur-tout, s’il ne règne pas un très-grand courant d’air dans leur attelier. Dès que l’on sent naître l’assoupissement, il convient d’abandonner l’ouvrage, de se promener au grand air, & encore mieux d’y travailler autant que les circonstances le permettent. Il seroit trop long de rapporter ici les funestes effets causés par l’odeur de ces fleurs.


Safran batard, ou safranum. Voyez Carthame.


SAGE-FEMME. Médecine Rurale. Est celle qui pratique l’art des accouchemens.

Une sage-femme doit avoir des qualités physiques & morales, & sur-tout de la probité. On çonçoit aisément qu’elle pourroit faire d’autant plus de mal, que très-souvent la vie des mères & des enfans, l’intérêt & l’honneur de toute une famille lui sont confiés. Elle doit être douce, consolante, charitable, & connoître les parties de la génération de la femme, la conformation du fœtus relativement à l’accouchement, le mécanisme de l’accouchement naturel, & les soins qu’il peut exiger ; la manière de terminer les accouchemens difficiles, les soins qu’on doit donner aux femmes, soit avant, soit après l’accouchement ; il faut enfin qu’elles sachent pourvoir aux divers besoins de l’enfant. Il seroit à souhaiter, pour le bien de l’humanité, que les sages-femmes de la campagne eussent reçu une instruction suffisante pour pouvoir se bien conduire dans la pratique des accouchemens ; mais la plupart, asservies à une routine meurtrière, & dénuées de tous principes, entraînées par des préjugés aussi funestes que nombreux, tâtonnent & marchent à l’aveugle. Leurs fautes sont ordinairement graves & mortelles. Aussi que d’enfans périssent en venant au monde, ou même avant que de naître, par l’impéritie des sages-femmes ! Les abus sont d’autant plus funestes, que la science est plus importante. Les provinces méridionales sont trop éloignées de la capitale pour pouvoir profiter des cours publics qui s’y font sur les accouchemens ; rien en effet de plus sage & de plus nécessaire que l’établissement d’un cours gratuit sur cette matière, dans toutes les villes considérables du