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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/286

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haute, sur un oreiller, & se tenir modérément couvert ; on sait que la surcharge des couvertures est un obstacle au sommeil.

Si, au contraire, on dort la tête basse, on s’expose à être attaqué du cochemar, ou à passer une nuit entremêlée de songes fâcheux dans lesquels on se représente les différens objets qui ont fixé notre attention pendant le jour, & ont été le sujet de notre conversation. Il y en a qui ont cru voir dans leurs rêveries, des serpens rouges voltiger autour du lit.

Quoique je recommande de souper légèrement, je n’entends point exclure de exclure l’usage de la viande ; celui des végétaux seroit préférable à tous égards ; mais tous les tempéramens ne s’en contentent point, & cette privation pourroit leur porter quelque préjudice & déranger leur sommeil.

Buchan regarde le chagrin comme la cause la plus propre à le troubler. Il nous apprend aussi que quand l’esprit n’est pas à son aise, on goutte rarement un sommeil tranquille, & que ce grand avantage de l’humanité s’éloigne souvent du malheureux qui en a le plus de besoin, tandis qu’il vient trouver celui qui est heureux & content. Cette vérité devroit engager tous les hommes à faire tous leurs efforts pour ne se coucher que lorsque leur esprit est le plus tranquille qu’il est possible. Il y a des personnes qui, à force de s’abymer dans des réflexions tristes & désagréables, ont tellement éloigné le sommeil, qu’elles n’ont jamais pu le goûter par la suite.

La nuit doit être consacrée au sommeil, & le jour au travail : rien n’est plus contraire à la santé que de faire de la nuit le jour : aussi voyons-nous les gens de lettres, qui sont quelquefois forcés de passer les nuits à travailler, être en butte aux affections nerveuses.

La nuit favorise le sommeil : c’est le temps prescrit & marqué par la nature ; & le sommeil pris en général dans le commencement de la nuit, délasse & défatigue le plus ; les organes de la volonté & des sens étant dans une parfaite inaction, le cours des esprits vitaux en devient beaucoup plus paisible, & par conséquent, la perte en est infiniment moindre : aussi un homme qui, après une longue marche, s’endort & passe la nuit dans les bras du sommeil, s’éveille le lendemain, frais & bien dispos.

On demande s’il est avantageux de dormir après dîner. Les uns en ont besoin pour la conservation de leur santé, & les autres croyent s’exposer à plus ou moins de maladies en dormant vers le milieu du jour, sur-tout après le repas.

Les vieillards, les gens de lettres, les vaporeux, les mélancoliques, ceux qui sont d’un tempérament phlegmatique & pituiteux, les convalescens, les valétudinaires, & surtout ceux qui tendent à l’étisie, sont plus ou moins disposés à faire la méridienne, & tous s’applaudissent d’y satisfaire ; la raison, c’est, dit M. Duplanil, que le repos & le sommeil, quelque courts & légers qu’ils soient, sont nécessaires à chacune de ces personnes pour bien digérer.

La méridienne peut nuire aux uns & aux autres, comme l’observe très-bien M. Maret, célèbre médecin de Dijon, sur-tout si elle dure trop long-temps. Il est donc nécessaire de